Le journaliste Jean-Luc Hees, 57 ans, succèdera à Jean-Paul Cluzel, le 12 mai, à la tête de Radio France. Un jeu de chaise musicale puisque c'est à l'arrivée de Cluzel en 2004 qu'il avait été débarqué de la direction de France Inter, radio phare du groupe radiophonique public où il a travaillé pendant 30 ans.
C'est en 1981 qu'il avait rejoint France Inter comme correspondant à Washington jusqu'en 1990. A son retour en France, il est nommé rédacteur en chef et présente le journal de 13H00 ainsi que le magazine culturel quotidien "Synergie". Le journaliste devient directeur de la rédaction en 1995, puis directeur de la station en 1997. Depuis 2006, il avait rejoint Radio Classique.
Jean-Luc Hees est l'une des voix les plus marquantes du paysage radiophonique français, avec des intonations graves et une pointe de nonchalance. Chevelure argentée et mysanthropie affichée ("je préfère mes chevaux", avait-il coutume de dire selon ceux qui l'ont cotoyé à Inter), Jean-Luc Hees avait gagné le surnom de "vieux cow-boy". Ses anciens collègues s'accordent à le qualifier de brillant journaliste, doté d'un réel talent d'écriture.
Mais les salariés et les syndicalistes sont unanimes à s'interroger sur le défi que constitue la gestion d'un groupe de plus de 4.000 personnes. "Gérer les relations humaines, les relations avec les syndicats, l'administration, cela l'ennuyait prodigieusement", se souvient ce salarié. "C'est un homme d'antenne. De plus, être patron de France Inter n'a rien à voir avec le job de président de Radio France", souligne un autre salarié. Et, "on se pose tous la question d'une éventuelle feuille de route imposée par Sarkozy", relève un syndicaliste sous couvert d'anonymat. Lors de son audition devant la commission des affaires culturelles du Sénat, M. Hees avait balayé cette question, mettant en avant son "indépendance" et rapportant que le chef de l'Etat lui avait assuré "que jamais il ne (lui) demanderait quoi que ce soit qui puisse heurter (sa) conscience ou (ses) convictions". Ses opinions politiques ne sont pas publiques. Il correspond donc au portrait du candidat idéal qu'avait dressé récemment Nicolas Sarkozy, selon des informations de presse, pour prendre la tête de Radio France : un journaliste qui ne soit ni de droite ni de gauche.