Longtemps surnommé par ses détracteurs "l’homme le plus puissant de France", le juge d’instruction ne traite pourtant que 5% des affaires. Mais il s’agit des plus sensibles. Ainsi, ces vingt dernières années, le juge d’instruction a bousculé le monde politique et financier par ses enquêtes sur la corruption et les détournements de fonds.
Alors que Nicolas Sarkozy et le comité Léger préconisent la suppression de cette fonction au cœur du système pénal français, retour sur les grandes affaires dont le juge d’instruction fut un personnage médiatique majeur dans les années 90.
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Les juges d’instruction inspirent même le cinéma ("L'Ivresse du pouvoir" de Chabrol) et notamment Eva Joly, juge d’instruction qui s’attaque au groupe Elf. L’affaire éclate en 1994, suite à une enquête de l’ancêtre de l'Autorité des marchés financiers actuelle (la commission des opérations boursières), sur le financement de l’entreprise textile Bidermann, par Elf, entre 1989 et 1993.
Eva Joly va rapidement découvrir que l’entreprise publique a été dévalisée de plus de 300 millions d’euros par ses cadres dirigeants, en majeure partie durant le second septennat de François Mitterrand.
Le réseau de corruption qu’Eva Joly met au jour concerne également des grands patrons et des hommes politiques français ou africains.
Ecoutez les explications de la juge, en 2007, lors de la parution de son livre "La force qui nous manque" :
Dans le cadre de cette affaire, Loïk Le Floch-Prigent, qui fut à la tête d’Elf de 1989 à 1993, est écroué une première fois en 1996, avant d’être libéré sous caution. Fait exceptionnel, il est emprionné alors qu’il est le président en exercice de la SNCF.
Loïk Le Floch-Prigent est de nouveau incarcéré en 2003, année où il est condamné à cinq ans de prison ferme et 375 000 euros d’amende.
Depuis cette affaire, Eva Joly est reconnue par les Français comme le symbole de la lutte anti-corruption dans l’hexagone. Mais tous les juges d’instruction n’ont pas cette réputation. En 2006, le juge d’instruction Fabrice Burgaud est descendu en flèche après le "fiasco d’Outreau".
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