L’INFO. La différence de niveau entre les filières des bac alimente les inimitiés entre les classes et les railleries entre camarades et sur les réseaux sociaux en période d’épreuve. En haut de la pyramide, on retrouve généralement les scientifiques, persuadés de faire partie de la filière d’élite, la plus dure, la plus formatrice, celle dans laquelle on réussi le mieux. Pour vérifier l’idée, Europe1.fr a fait appel aux statistiques de ces dernières années.
Les meilleurs au bac. Une chose est sûre en matière de réussite au bac : depuis une dizaine d’années, le pourcentage le plus haut se trouve du côté des scientifiques. La dernière fois qu’une autre filière a fait mieux date de 2002. A l’époque, le pourcentage de réussite du bac littéraire était de 82,2%, contre 80,1% pour les bacheliers de S.
La performance est d’autant plus spectaculaire que les effectifs des classes de S sont largement plus élevés que ceux des autres filières. En 2013, ils étaient 157.229 terminales inscrits en filière scientifique contre seulement 97.729 en économie et société (ES) et 50.358 en littéraire (L). Il y a donc largement plus de monde à mener à la réussite au bac dans la filière scientifique que dans les deux autres réunies.
Meilleurs dans le supérieur. Un bon moyen de connaître la valeur d’une filière par rapport aux autres consiste à mesurer le taux de réussite des bacheliers dans le supérieur. Là encore, les scientifiques tirent leur épingle du jeu. Ainsi, selon une étude réalisée à la fin des années 2000, les étudiants en licence qui réussissaient le mieux venaient de la filière scientifique. Environ un tiers d’entre-eux passaient leur diplôme en trois ans, près de la moitié en quatre. Ils étaient néanmoins suivis de très près par ceux de la filière ES.
L’écart se creuse plus sérieusement pour les études de master (Bac+5). En effet, les scientifiques, qui, désormais, sont les plus représentés à l’université, réussissent leur master à environ 55% en deux ans. Leurs camarades issus des filières ES et de L n’obtiennent leur diplôme respectivement qu’à la hauteur de la moitié et du tiers des effectifs.
Les prépas, repaires de scientifiques. Du côté des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles (CPGE), il est plus difficile de mesurer la réussite des étudiants issus de chacune des filières du lycée. Cela dit, un constat s’impose : 71% des étudiants inscrits en prépa sont des bacheliers scientifiques, selon une étude de 2012. “Même en prépa littéraire, ce sont les S qui réussissent le mieux”, précise Olivier Rollot, journaliste spécialiste des questions d’éducation supérieure.
Il est d’ailleurs encore plus frappant de noter qu’ils représentent près d’un quart des étudiants des filières littéraires et presque la moitié des filières économiques, devant même les bacheliers du bac ES. En revanche, les classes préparatoires scientifiques sont une véritable chasse gardée des bac S puisqu’ils constituent 96% de la population des salles de classe.
Le bac S, tout le monde le veut. Mais si les classes scientifiques au lycée sont remplies de têtes bien faites, c’est aussi parce qu’elles ont une capacité d’attraction très forte. “Aujourd’hui, avec un bac S, on peut tout faire, rappelle Olivier Rollot. C’est moins le cas avec les autres bacs. Une fois qu’on est dedans, on est avec les meilleurs étudiants”.
De manière générale, on va en S, parce qu’on est un bon élève. Seulement 44% d’entre eux s’y sont d’ailleurs inscrits pour leur intérêt pour les sciences. Pas étonnant alors que 30% d’entre eux quittent le monde scientifique pour s’inscrire dans d’autres filières à la sortie du lycée. “C’est un déperdition énorme”, commente le spécialiste.
Les autres s’en sortiront. Cela dit, considérer le bac S comme la seule filière viable n’est pas non plus une bonne façon de raisonner. Certains ne sont pas faits pour réussir un bac avec des mathématiques et de la physique, dont l’application dans leur vie quotidienne sera finalement très rare.
Il est également important de rappeler que le simple fait d’obtenir le bac réduit fortement le risque de chômage après la sortie des études. Ainsi, une étude de l’Insee révèle que le taux de chômage des jeunes ayant obtenu une licence est d’un peu plus de 10%, quand il atteint quasiment 20% avec uniquement le bac, et de 40% avec le brevet.
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