Le gendarme "a failli à sa mission"

© MAXPPP
  • Copié
Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
L’utilisation de son arme, sur J.Guerdner, n’était pas justifiée, selon l’ex-procureur de Draguigan.

C’est un témoignage à charge qu’a fait l'ancien procureur de Draguignan, Christian Girard. Alors que Christophe Monchal comparaît, libre, depuis lundi devant la Cour d'assises du Var, Christian Girard est catégorique : "le maréchal des logis chef Monchal n'a pas respecté les exigences de la loi, il a failli à sa mission".

Christophe Monchal est poursuivi pour avoir mortellement blessé Joseph Guerdner, 27 ans, qui tentait de s'évader de la brigade de Draguignan, en 2008. "Je regrette les faits mais il fallait malheureusement faire son travail ce jour-là," a déclaré le gendarme. "Je suis bien l'auteur des coups de feu mortels, cette affaire est pour moi et pour la famille dramatique," a-t-il ajouté.

Une accumulation de négligences

Mardi, l'ancien chef du parquet de Draguignan, Christian Girard, qui au début de l'affaire avait ouvert une information pour "homicide volontaire" et requis le placement en détention du gendarme, a dénoncé une "accumulation de négligences" de la part du militaire, comme le fait d'avoir accompagné seul le jeune homme qui souhaitait fumer.

"Les négligences de Monchal l'ont mis dans une position d'infériorité qui va l'obliger à rendre compte à sa hiérarchie et pour contrebalancer ces manquements, il va faire usage de son arme", a expliqué Christian Girard dans son témoignage, marquant visiblement les nombreux gendarmes en civil présents dans la salle d'audience, livides.

Des tirs injustifiés

Pour l’ancien procureur, aucun des critères pouvant justifier un tir n'était réuni, alors qu'il faut respecter le principe de proportionnalité de la riposte. Il dit avoir été "frappé par l'accumulation des tirs dans un espace aussi réduit et confiné" et par les tirs concentrés "dans la partie haute du corps de la victime". Pour lui, il n'y avait pas absolue nécessité d'ouvrir le feu, face à "Joseph Guerdner qui ne connaissait pas les lieux, qui n'était pas armé, qui était entravé et menotté".

"A aucun moment Christophe Monchal ne s'est trouvé en difficulté, il lui suffisait d'appeler les autres militaires de la caserne en renfort et de descendre les escaliers pour poursuivre Joseph Guerdner. Dès le début j'ai été convaincu que l'usage de l'arme ne correspondait pas aux exigences de la loi", a-t-il encore dit.

Au cours de son audition, Christophe Monchal l'avait autorisé à fumer dans le couloir, mais le jeune homme, qui était menotté, avait sauté d'une fenêtre d'une hauteur de 4,60 m. Le gendarme, affirmant avoir voulu viser les jambes, avait tiré à sept reprises, l'atteignant trois fois. Le procès est prévu jusqu'à vendredi.