Très attendu, le procès de Bruno Cholet a dû être suspendu mardi, après un malaise de l'accusé. Les débats ont finalement pu reprendre mercredi matin, sous surveillance médicale. "Ca va", a-t-il répondu à la présidente qui lui a demandé comment il se sentait, après avoir passé la nuit à l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, proche du palais de justice.
Il a dit qu'il ne s'expliquait pas son malaise, et qu'il avait pris ni plus ni moins de médicaments que d'habitude. "Un coup de chaud...", peut-être, a-t-il déclaré.
Les médecins qui ont examiné l'accusé à l'Hôtel-Dieu ont exigé qu'il dorme à l'hôpital pendant la durée du procès, normalement prévu jusqu'au 14 septembre devant la cour d'assises de Paris.
Meurtre d'une étudiante suédoise
Bruno Cholet, chauffeur de taxi clandestin, est jugé pour le meurtre de Susanna Zetterberg, une étudiante suédoise dont le corps avait été découvert, carbonisé, près d'un chemin de la forêt de Chantilly, dans l'Oise. Avant ce crime, Bruno Cholet, 55 ans, avait déjà été condamné une dizaine de fois, notamment pour viols.
Le 19 avril 2008, Susanna, 19 ans, passe la soirée avec des amies à La Scala, une boîte de nuit située en plein Paris, en face du Louvre. Vers 4h45, la jeune étudiante à la Sorbonne décide de rentrer seule chez elle et prend un taxi. A ses amies qui l'appellent peu après, elle indique se trouver dans un taxi "bizarre", en route pour la maison.
Des retraits avec sa carte de crédit
Le corps de la jeune fille, qui a reçu cinq balles de petit calibre, dont quatre dans la tête, a été retrouvé les mains menottées dans le dos. Son état n'a pas permis de déterminer si elle avait subi des violences sexuelles. Un hématome sur son front est en outre attribué à un coup que lui aurait porté son agresseur pour lui extorquer son code de carte bancaire.
Les enquêteurs ont en effet découvert rapidement que l'une de ses cartes de crédit avait été utilisée pour des retraits de 100 et 200 euros, entre 6 et 7 heures du matin dans l'Oise et le Val-d'Oise. L'un des distributeurs était muni d'une caméra. Sur les images, les policiers ont ainsi repéré un homme de 40 à 50 ans, d'assez forte corpulence, portant des lunettes et un foulard pour dissimuler son visage.
Un casier judiciaire déjà très lourd
C'est en consultant le fichier des taxis clandestins que les enquêteurs ont fini par remonter jusqu'à Bruno Cholet, déjà auteur de cinq infractions en la matière. Dans son casier figurent surtout une dizaine de condamnations pour des délits et des crimes, dont un viol commis en 1976 qui lui avait valu d'être condamné à six ans de prison. En 1989, Bruno Cholet avait une nouvelle fois été condamné, cette fois à 18 ans de réclusion pour deux viols aggravés et enlèvement de mineur.
Six jours après le meurtre de Susanna, Bruno Cholet est donc interpellé. Dans sa voiture, les enquêteurs retrouvent un sac en plastique sur lequel il est écrit "Susana 377". Dans le sac, un pistolet de calibre 22, des cartouches, des menottes et des gants en latex.
Bruno Cholet nie avoir tué l'étudiante
Les éléments à charge s'accumulent : l'arme comporte des traces d'ADN semblables à celui de la victime et de Bruno Cholet, et les images de vidéosurveillance lui correspondent. Des jeunes femmes ayant eu affaire au chauffeur de taxi témoignent auprès de la police, réalisant après coup avoir échappé de peu à un enlèvement.
Le suspect, lui, nie en bloc et parle de manipulation policière. Il ne compte pas changer de position devant les assises et ses avocats entendent mettre en avant les "zones d'ombre" de l'enquête.