L'actu. Des téléphones portables qui ne captent plus, c'est normalement ce qu'ont désormais les détenus de la maison d'arrêt de Nice. La prison vient en effet de se doter d'un brouilleur d'ondes pour limiter leur utilisation, rapporte lundi Nice Matin. Pourtant interdits, les mobiles permettent aux prisonniers de garder le contact avec leurs familles, mais aussi de poursuivre leurs activités illégales voire de préparer leur évasion, comme ce fut le cas avec Redoine Faïd ou Antonio Ferrara. Avec ces équipements l'administration pénitentiaire espère mieux lutter contre ce fléau. Europe1.fr fait le point sur ces brouilleurs d'ondes.
Que dit la loi ? Des cabines téléphoniques sont installées dans les couloirs de toutes les prisons. Elles sont accessibles aux détenus, mais les numéros qu'ils composent doivent être identifiés par l'administration pénitentiaire et les conversations sont enregistrées. Du coup, de très nombreux détenus contournent cet obstacle en utilisant des téléphones portables. Pourtant interdits en prison, les mobiles sont un objet courant pour les détenus. S'ils servent souvent aux prisonniers pour entrer en contact avec leur famille ou à continuer leur trafic, les portables peuvent parfois être utiles, notamment pour appeler les secours en cas de malaise ou de tentative de suicide d'un co-détenu. Depuis 2002, la loi autorise l'installation de brouilleurs d'ondes dans les prisons.
Les brouilleurs sont-ils efficaces ? La première prison à avoir été équipée de brouilleurs a été celle de Fresnes, dans le Val-de-Marne, en 2000. Mais trois ans plus tard, l'expérience avait été interrompue "pour des raisons de forme et de fonds", relevait à l'époque Le Parisien. Pour autant, l'administration pénitentiaire n'a pas abandonné l'installation de ces brouilleurs.
Pas moins de 413 appareils ont ainsi été installés depuis 2003. Mais le nombre de portables retrouvés dans les cellules - parfois par centaines lors des fouilles de cellules, comme à Seysses depuis le début de l'année - semble montrer l'inefficacité de ces dispositifs. Le ministère de la Justice note dans un rapport les limites des dispositifs, notamment la courte portée des brouilleurs ou encore les problèmes liés à l'évolution des technologies (comme le passage de la 3G à la 4G).
Le délégué Ufap-Unsa de la maison d'arrêt de Nice reconnaît lui-même ne pas savoir si le nouveau brouilleur, installé "il y a un ou deux mois", fonctionne correctement. "Je ne suis même pas sûr qu'il soit branché en permanence ou qu'il couvre la totalité de la maison d'arrêt", indique-t-il à Europe1.fr. Quant à la réaction des détenus face à ce nouveau dispositif, "difficile de le savoir", note le surveillant. "Les détenus ne vont pas se plaindre puisqu'ils ne sont pas censés avoir de portable. Mais ils vont quand même essayer de passer à travers le brouilleur et même de le dégrader. C'est de bonne guerre", conclut-il.