L’hebdomadaire n’en est pas à son coup d’essai. Charlie Hebdo s’apprête à publier mercredi des dessins satiriques représentant le prophète Mahomet, cinq ans après l’affaire des caricatures danoise, et moins d’un an après l’incendie de ses locaux. A chaque fois, le journal s’est retrouvé en première ligne et en a fait les frais. Retour sur des précédents qui ont été causes de violences.
2005-2006 : une polémique planétaire. En septembre 2005, le quotidien danois Jyllands-Posten publie douze caricatures représentant Mahomet. Le dessin le plus controversé montre la tête du prophète, surmontée d’un turban en forme de bombe. D’abord passés inaperçus, les dessins entraînent ensuite de vives protestations et à la fin de l’année, des ministres arabes réunis au Caire condamnent "cette atteinte qui va à l’encontre de la sainteté des religions et des valeurs nobles de l’Islam". La polémique enfle dans le monde et le Jyllands-Posten présente ses "excuses" aux musulmans offensés, mais rien n’y fait.
Charlie Hebdo entre dans la danse. Le 1er février, l'hebdomadaire publie à son tour les caricatures, comme plusieurs autres journaux européens, au nom de la liberté de la presse. Des manifestations violentes ont alors lieu en Somalie, en Afghanistan, au Liban, en Iran et en Syrie et des ambassades européennes sont visées. Des journalistes sont poursuivis, comme Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo à l’époque. Il est finalement relaxé en mars 2008. La cour d’appel de Paris estime en effet qu’il n’y a pas d’injure aux musulmans, car les dessins "visent clairement une fraction", à savoir les terroristes, "et non l’ensemble de la communauté musulmane".
2011 : Charia Hebdo ne passe pas. Le temps d’un numéro spécial, Charlie Hebdo se rebaptise Charia Hebdo, pour saluer la victoire des islamistes d’Ennahda en Tunisie. En couverture de l’hebdomadaire figure une caricature de Mahomet, hilare, promettant "100 coups de fouet si vous n’êtes pas morts de rire". La blague ne fait visiblement pas rire tout le monde : dans la nuit du 1er au 2 novembre, les locaux du journal sont incendiés après le jet d’un cocktail molotov. Le site de l’hebdomadaire est aussi piraté et présente un message en anglais et en turc dénonçant les "caricatures grossières et honteuses" de Mahomet, "sous le prétexte de la liberté d’expression".
>> Les locaux de Charlie Hebdo incendiés
Dans la classe politique, la condamnation de l’attaque des locaux de Charlie Hebdo est unanime. Un peu moins d’un an après les faits, l’enquête sur cet incendie criminel est toujours en cours.