L'INFO. On pensait le phénomène Harlem shake enterré dans les fins fonds du web, bien rangé aux cotés des flash-mobs et autres lipdubs, tombé au champ d'honneur des oubliés du buzz. Mais mardi, un de ces petits clips viraux sur fond de techno "cheap" fait de nouveau parler de lui. Un Harlem shake carcéral cette fois : des détenus de la prison de Montmédy, dans la Meuse, qui se filment avec un portable, dansant dans les couloirs de l'établissement. Le tout est posté sur une page Facebook dédiée, aux cotés d'autres vidéos plus provocantes, rapporte mardi l'Est Républicain. L'une d'elles, alerte plus particulièrement l'administration pénitentiaire : on y voit un détenu portant une polaire de surveillant gradé, fumant ce qu'il présente comme un "joint" et invectivant les autres prisonniers.
>> Le Harlem Shake des détenus :
"Harlem shake Gangster d-ter derrière les barreaux". Moteur. La caméra filme un couloir vide de la prison : la chanson "Harlem shake" démarre. Un homme masqué surgit et sedéhanche, seul, de façon désarticulée, pendant une bonne dizaine de secondes. Fondu sur une photo pendant deux secondes : un homme encagoulé, muni d'une arme de poing. Retour sur la pièce, désormais envahie d'une dizaine de détenus dansants, munis de différents accessoires. Le Harlem shake des détenus de la prison de Montmédy respecte, dans les grandes lignes, les codes du genre. Problème : il est tourné avec un téléphone portable, objet interdit en prison. La vidéo, intitulée "Harlem shake Gangster d-ter (comprendre "déterminé", Ndlr) derrière les barreaux en soutien à Marlo et Rifin67". Par ce titre, les détenus se réclament ainsi d'un pseudo collectif de rap, créateur d'une marque de streetwear, habitué des clashs ( forme de joutes verbales chères au rappeurs) entre détenus de différentes prisons par vidéos interposées.
>> Le détenu habillé d'une veste de la pénitentiaire :
Un joint en prison, avec une veste de la pénitentiaire. Une seconde vidéo, tournée dans le même établissement pose un autre problème. L'œuvre d'1m44 a été postée un peu plus tôt, le 16 novembre dernier, sur la même page Facebook. Elle est intitulée "Gangster d-ter chez les matons" et sous-titrée "surveillant le jour, gangster d-ter la nuit". La star de ce petit film se trouve être un détenu vêtu d'une veste polaire de surveillant pénitentiaire, dont on ne sait comment il l'a obtenue. L'homme fume ce qu'il présente comme "un joint", dans les couloirs de la prison. Le prisonnier joue les surveillants en s'adressant à ses congénères et en profite pour lancer quelques provocations. "J'fuck l'administration pénitentiaire, j'suis (…) corrompu", argue-t-il. "Là tu me vois la journée, je suis en administration pénitentiaire mais t'inquiète, je représente : gangster d-ter", clame-t-il en ouvrant sa veste sur un t-shirt du fameux collectif. Plus loin, interrogé par le caméraman sur sa façon d'arrondir ses fins de moins, l'homme répond "je bicrave, mon pote". Comprendre : "je vends de la drogue".
Une enquête administrative en cours, selon la direction. "Nous savions qu'il y avait des vidéos qui tournaient sur des sites. Les deux en question ont bien été tournées dans les couloirs du centre de détention de Montmédy", a indiqué à l'AFP une responsable syndicale FO, Fadila Doukhi, confirmant l'information de L'Est Républicain. La prison est une micro-société, nous savons qu'il y a toujours eu des téléphones, parce qu'il y a de plus en plus de trafics, notamment via le parloir, et que les fouilles ne sont plus systématiques", a-t-elle ajouté. "Dans le centre de détention de Montmédy, la circulation est libre pour les détenus: c'est plus facile de subtiliser une polaire d'un surveillant", explique-t-elle encore. La direction régionale des services pénitentiaires a confirmé l'incident mais n'a pas souhaité le commenter, ainsi que la direction de l'établissement. Le parquet de Verdun a pour sa part indiqué qu'il s'agissait d'un "problème de discipline interne". La direction de ce centre de détention réservé aux longues peines, qui compte 320 détenus pour une capacité de 328 et 75 agents pénitentiaires, a pour sa part assuré au journal régional qu'une enquête administrative était en cours "tant pour les détenus que pour le ou les surveillants impliqués".