Opération coup de poing des producteurs de pêches et nectarines français. Venus de toute la France, ils se sont rendus jeudi au petit matin, à Rungis, pour manifester leur vif mécontentement devant les étals remplis à presque 70% de pêches et nectarines en provenance d’Espagne ou d’Italie. Ils pestent contre une concurrence déloyale de l’Espagne.
"Quand on voit arriver ces produits, on essaie de tenir nos prix entre 1,30 et 1,40 euro le kilo", contre 0,80 euro le kilo de pêches espagnoles. "A ce niveau-là, il est difficile qu’on s’entende", ajoute un producteur en colère, s'adressant à une grossiste de Rungis.
"On travaille avec nos producteurs depuis de nombreuses années, ils sont contents du prix qu’on leur donne, et c’est tout. On n’essaie pas de gagner de l’argent sur le dos des gens, c’est gagnant-gagnant", lui rétorque la grossiste.
"A ce niveau-là, il est difficile qu’on s’entende" :
Rencontre avec le ministre
L'importation des pêches et nectarines espagnoles, produites en nombre et bradées, est un véritable manque à gagner pour les producteurs français. Ils déplorent une situation dramatique.
"Je suis à Nîmes, je vois passer les camions, c’est un défilé jour et nuit", commente Laurent, un producteur qui a du mal à payer ses employés et qui peine à se dégager un Smic mensuel."La situation est grave. Ou on nous dit que les Espagnols sont les rois et on leur laisse le marché, ou on fait quelque chose pour éviter que l’Espagne exporte sa crise chez nous".
"La situation est grave" :
"On ne peut pas subir cela plus longtemps"
Jeudi après-midi, les producteurs ont été reçus au ministère de l’Agriculture. Le cabinet de Bruno Le Maire a promis un renforcement des contrôles sur les importations.
Mais les producteurs attendaient beaucoup plus. Louant la "garantie environnementale" et la "qualité à tout prix", Pierre Giovanelli, l'ancien président de l'association Organisation de producteurs pêches, avait dit espérer des pouvoirs publics, avant la rencontre au ministère, qu'ils "essaient de moraliser les rapports au niveau de la distribution", pour limiter les inégalités de prix. "Aujourd'hui, on subit la différence des prix mais aussi la très grosse concurrence dans l'ensemble de la distribution. Et in fine, c'est l'ensemble des producteurs qui en font les frais. C'est la troisième saison difficile de suite, et on ne pourra pas subir ça plus longtemps", a-t-il d'ores et déjà annoncé.