En soutane à l'audience, frère François n'est pas un prévenu comme les autres. L'ecclésiastique comparaissait vendredi devant le tribunal correctionnel de Paris pour des violences à l'issue d'une manifestation contre le mariage pour tous. Le ministère public a requis une peine d'un mois de prison avec sursis à son encontre. Frère François, lui, conteste les faits.
Opposition à une interpellation. Les faits se sont déroulés le 19 avril dernier, à l'issue d'une manifestation des "antis". Ce soir-là, quatre religieux emmenés par l'abbé Beauvais de l'Eglise parisienne intégriste de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, sont présents après l'ordre de dispersion de la manifestation. Frère François, qui appartient, pour sa part, à la communauté des catholiques traditionalistes de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X (FSSPX), est accusé de s'être opposé à l'interpellation d'un jeune homme lors des incidents qui ont suivi. Vendredi, il comparaissait donc pour "violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique". Des faits dont le ministère public a demandé la requalification en "rébellion". Une demande appuyée par l'avocat des deux policiers qui se sont constitués partie civile.
"Cela aurait pu être bien plus grave". "Il nous a tous mis en danger par son action", a affirmé le policier présent à l'audience. Selon lui, en s'opposant à l'interpellation, Frère François a retardé les policiers dans leur progression. A ce moment précis une cinquantaine de personnes s'approchaient des fonctionnaires et ces derniers recevaient des projectiles lancés par les manifestants. "Cela aurait pu être bien plus grave", a-t-il expliqué. Les deux policiers ont demandé un euro symbolique à titre de réparation du préjudice subi.
Frère François conteste. "Je n'ai pas poussé", a contesté frère François, assurant qu'il n'avait pas tenté de s'interposer. Trois vidéos des faits ont cependant été projetées à l'audience. Sur certaines images, l'ecclésiastique semble effectivement résister à la progression des CRS qui tentent d'amener le jeune homme à couvert. Le représentant du ministère public a motivé ses réquisitions en relevant qu'il y avait eu "résistance physique active". "Les circonstances le légitiment", a-t-il justifié.
Son avocat demande la relaxe. Le défenseur de l'ecclésiastique, Me Jérôme Triomphe, a demandé la relaxe pour son client. "Je trouve qu'il y a une démesure dans ces poursuites", a soulevé l'avocat. Il a rappelé que le jeune homme, mineur, qui avait reçu le soutien de frère François lors de son interpellation n'avait, lui, pas été poursuivi. Frère François ne s'est exprimé uniquement pour contester les faits. La décision a été mise en délibéré au 18 juin.