L’ÉCHANGE. En 2004, dix après la naissance de sa fille, Sophie Serrano a découvert que Manon n'était pas son enfant. L'explication ? Un échange de bébé s'est produit dans les jours qui ont suivi sa naissance à la clinique de Cannes, révèle Le Parisien. En l'absence d'infraction pénale, l'enquête déclenchée par une plainte déposée par la famille Serrano n'a rien donné. L'échange n'était pas délibéré.
Comment expliquer cette terrible erreur ? Manon est née le 4 juillet 1994 dans une clinique de Cannes. Mathilde, une autre petite fille, y voit le jour le lendemain. Dans la nuit du 8 au 9 juillet, les deux fillettes souffrant de la jaunisse, sont placées dans un même berceau sous lampes, par manque de place. Sans bracelets de natalité, une mesure pourtant obligatoire.
C'est lorsque que les bébés sont remis à leurs mères que se produit l'échange. Une auxiliaire puéricultrice décrite comme peu fiable et alcoolique, s'est trompée d'enfants. Sophie Serrano, maman de Manon "par erreur" émet un doute. "Ma mère et moi avons tout de suite vu des différences chez Manon. Ses cheveux étaient plus longs. Le personnel nous a rassurées en disant que c'était un effet de la lampe pour traiter la jaunisse", confie aujourd'hui au journal cette mère de trois enfants.
Un test de paternité va tout changer. Dans le village des Alpes-Maritimes où réside le couple, les ragots vont bon train sur le manque de ressemblance entre Manon, de peau mate, et son père. Ce dernier, très distant avec sa fille, émet lui-même des doutes et demande d'effectuer un test ADN. Sophie Serrano, qui espérait que ce test mette enfin un terme aux rumeurs, tombe des nues. "J'ai eu l'impression de perdre ma fille que j'avais élevée, mais en plus, j'ai été prise d'une angoisse terrible", se souvient-elle.
Sophie retrouvera sa fille biologique. "J'ai élevé trois enfants mais dans mon cœur, j'en ai quatre", confie-t-elle. Pourtant, même si leur rencontre est forte, le temps a fait son travail de sape et les deux familles sont différentes. "Les liens se sont distendus", explique la maman. Tombant dans la dépression, Sophie a ensuite tout perdu. "Je ne peux plus travailler, nous avons dû quitter notre maison, je suis surendettée. Tous mes enfants ont dû voir des psys, le préjudice est énorme".
Que fait la justice ? En l'absence d'infraction pénale, la plainte déposée par Sophie Serrano est classée sans suite en 2005. En 2010, les familles de Manon et Mathilde, bien que n'ayant plus de contacts, ont assigné la clinique ainsi que deux médecins accoucheurs, deux pédiatres et une auxiliaire puéricultrice au civil. Les familles réclameraient 12 millions d'euros au titre de préjudice subi. Une somme qui pourrait être "spéculative", contre-attaque l'avocat de la clinique.