Le 101e département français est agité depuis plus d'un mois par une grogne sociale importante. Les habitants de Mayotte, petite île nichée entre l'Afrique et Madagascar manifestent leur colère contre l'inflation des prix. De nombreuses grèves ont ralenti l'activité et la mort d'un homme de 39 ans, survenue en marge d'une manifestation le 19 octobre, ne permet pas l’apaisement.
Au point de voir le gouvernement dire ouvertement sa préoccupation. Mercredi, lors du conseil des ministres thématique sur l'outre-mer, Nicolas Sarkozy a dit souhaiter une "issue dans le dialogue" pour ce département pauvre et à l'économie fragile.
Réunion à venir avec Fillon et Guéant
Marie-Luce Penchard, la ministre de l'Outre-mer, a annoncé une prochaine réunion avec le Premier ministre François Fillon et le ministre de l'Intérieur Claude Guéant après les heurts de la veille dans le nord de l'île, avec usage de barre de fer, jets de galets et cocktails molotov, une pratique nouvelle à Mayotte.
Après les attaques contre les véhicules des forces de l'ordre et des pompiers, des témoins ont fait état du caillassage des voitures des particuliers et des dérapages verbaux à l'encontre des blancs, appelés "m'zungu" dans l'île.
"Un schéma de violences urbaines"
"La situation est différente d'il y a une dizaine de jours où nous avions des manifestations de la population mais aujourd'hui les Mahorais aspirent à retrouver une vie normale et visiblement, le mouvement se radicalise, peut-être avec une centaine de jeunes. Nous sommes plutôt dans un schéma de violences urbaines", a estimé Marie-Luce Penchard.
Conséquence paradoxale, peu de manifestants étaient présents mercredi place de la République, lieu de rassemblement habituel. Le médiateur Stanislas Martin, spécialiste des prix et de la concurrence venu de Bercy, a continué mercredi ses consultations avec l'ensemble des parties. Il doit revenir à Paris à la fin de la semaine et remettre son rapport "dans une dizaine de jours".
Taux de chômage très élevé
Les revendications des Mahorais, et tout particulièrement des "bouénis", ces mères de familles piliers de la société mahoraises, portent sur une baisse des prix de produits de première nécessité comme les sacs de riz et les emblématiques ailes de poulets ou "mabawas", plat favori des Mahorais, ou encore la bouteille de gaz qui permet de les cuisiner.
La crise risque de toucher durement ce territoire qui connaît déjà un taux de chômage de près de 18% et de plus de 30% chez les jeunes de moins de 25 ans.