Claude Guéant a passé quarante minutes vendredi à la frontière franco-italienne. Le temps pour les gradés de la police aux frontières d’expliquer au nouveau ministre de l’Intérieur leur surcharge de travail. Et ce, depuis l’arrivée en masse des clandestins tunisiens, suite à la révolte populaire qui a secoué le pays et mené à la chute du président Ben Ali.
"Ce n’est pas simple, c’est vrai"
"Nous sommes complètement débordés. Nous ne sommes pas assez nombreux", a souligné Frédéric Guérin, du syndicat SGP-police. Les policiers sur le terrain "sont dans l’incapacité de traiter tous les interpellés qu’on leur ramène. Une fois que l’équipage a ramené des étrangers en situation irrégulière, il faut rester au poste pour traiter la procédure. Un moment donné, on n’aura plus personne", redoute-t-il.
Claude Guéant reconnaît que la situation est tendue. Mais pas question pour autant d’annoncer un renforcement des effectifs. Pour le ministre, les moyens sont déjà là et il faut désormais faire face. "Ce n’est pas simple, c’est vrai, c’est un travail supplémentaire", concède le locataire de la place Beauveau. "Ma visite démontre la détermination du gouvernement français à ne pas accepter une vague migratoire qui n’a aucune justification de caractère politique et de protection des personnes", a-t-il rappelé, avant de résumer : "l’avenir des Tunisiens c’est en Tunisie, pas en France".
"Les Italiens jouent le jeu"
Le ministre de l'Intérieur a ainsi demandé aux autorités italiennes de "retenir" sur leur territoire les migrants tunisiens cherchant à se rendre d'Italie en France. "Nous souhaitons obtenir de nos amis italiens qu'ils jouent le jeu de la règle européenne. C'est la responsabilité du pays d'accueil. Nous leur demandons de retenir les personnes qui se présentent chez eux et qu'ils reprennent celles qui leur sont renvoyées", a déclaré Claude Guéant, lors d'un point presse à la préfecture des Alpes-Maritimes.
Le ministre de l'Intérieur a aussi précisé que sur les 436 migrants clandestins, pour la plupart des Tunisiens, arrêtés en février dans les Alpes-Maritimes, 250 avaient été reconduits en Italie. "Les Italiens jouent le jeu. Nous attendons qu'ils le jouent complètement", a-t-il encore prévenu. Mais sur le terrain, la tension reste vive. Désormais, après les Tunisiens, les Libyens commencent à arriver.