L'inquiétude gagne les enfants. D'après un sondage du Secours populaire, 58% des enfants de 8 à 14 ans ont peur de devenir pauvre. Ils sont aussi 39% à penser qu'il y a "beaucoup" de pauvres en France, et 85% à juger qu'il y en a "beaucoup" dans le monde, selon les résultats de cette étude menée par Ipsos pour l'association.
Au siège de la Fédération parisienne du Secours populaire, Céline et Juliette confirment ce constat au micro d'Europe 1. "On sait jamais, par exemple, si notre maison prend feu ou quelque chose comme ça, on perd notre travail, on est au chômage, une catastrophe qui peut arriver, on peut tout perdre. A tout moment, on peut devenir pauvre".
"Tout le monde a ce genre d'angoisses"
Sa copine, elle, affirme qu'elle y "pense". "Tout le monde a ce genre d'angoisses. Quand tu vois un SDF tu te dis : 'moi aussi peut-être que je vais devenir pauvre un jour'. Après tu chasses ces idées, tu te dis 'non mais j'ai de l'argent de côté, j'ai mes parents, ma famille, ce n'est pas comme si j'avais personne autour de moi'", essaie de rationaliser la fillette.
Pour le Secours populaire, la prise de conscience "augmente avec l'âge". La peur est plus fréquente (64%) chez les enfants d'ouvriers et d'employés, et les enfants interrogés sont 4% à avoir déjà le sentiment d'être pauvres. "Cela fait des années que nous alertons, que nous disons que la pauvreté gagne du terrain", explique sur Europe 1 Julien Lauprêtre, le président de l’association, qui n'hésite pas à parler de "raz-de-marée de la misère".
Les adultes inquiets
Etienne Mercier, le directeur adjoint d'Ipsos, explique avoir lui-même été surpris par les résultats du sondage. Pour lui, les adultes transmettent leurs angoisses aux enfants. 85% des Français adultes sont en effet persuadés que leurs enfants ont "plus de risques de connaître une mauvaise passe que leur propre génération", note le Secours populaire.
"Depuis 7, 8 ans, il y a une tendance qui s'est inversée de façon assez violente", analyse Etienne Mercier, pour qui les adultes avaient auparavant une certaine "confiance dans l'avenir". "Maintenant, note Etienne Mercier, ils ont le sentiment que tout peut basculer à n'importe quel moment et ils considèrent très majoritairement maintenant que leurs enfants auront une moins bonne vie qu'eux".