A Pôle emploi, les jours se suivent et se ressemblent. Face à la hausse continue du nombre de demandeurs d'emploi, les agents sont débordés. Il suffit d'aller tout près de Paris, en proche banlieue pour s'en rendre compte.
Dès l'ouverture, à 9 heures, une file d'attente s'est déjà formée devant la porte. Une dizaine de personnes espèrent voir un conseiller rapidement. Une heure plus tard et jusqu'à la fin de la journée, l'agence est bondée.
Mise à jour. 10h40 : Jean Bassères, directeur de Pôle emploi, a indiqué mercredi que les 2.000 nouveaux CDI permettront de "renforcer l'accompagnement" des personnes les plus éloignées de l'emploi.
"Je dois attendre le 16 octobre"
Fadoua, comme beaucoup, est venue s'inscrire. Vendeuse récemment licenciée, elle devra attendre trois semaines avant son rendez-vous, au lieu des dix jours d'attente maximum que Pôle Emploi doit respecter. "Je dois attendre le 16 octobre, c'est très loin pour voir un conseiller, lui déposer mes documents. Mon dossier ne sera pas traité avant le mois de novembre", pronostique-t-elle.
"D'ici là, je vais me débrouiller par moi-même, comme je l'ai toujours fait. Je vais faire du porte-à-porte. C'est comme ça que j'ai toujours trouvé du travail, je n'ai jamais eu besoin de Pôle emploi", lâche-t-elle encore. D'ici ce premier rendez-vous, Fadoua n'aura droit ni aux offres d'emploi, ni à l'indemnisation.
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"On n'arrive plus à faire notre métier"
Depuis la rentrée, Pôle emploi est presque uniquement centré sur les inscriptions de nouveaux chômeurs. "On n'a plus le temps de faire le reste", confie à Europe 1 des conseillers. Ce sont donc les chômeurs plus anciens qui en pâtissent.
Ainsi, dans cette agence de proche banlieue parisienne, les conseillers ont pris l'habitude de sous-traiter. De manière informelle, ils envoient les demandeurs d'emploi sur le trottoir d'en face, dans une petite association, pour les aider à refaire leur CV. "On n'arrive plus à faire notre métier", confirment les agents.
"On n'est pas assez nombreux"
C'est également le cas en dehors de Paris. La situation est tendue partout, comme dans cette ville moyenne située à 150 kilomètres de Paris. Une chef d'agence a confié de manière anonyme à Europe 1 ses difficultés à faire face à l'afflux massif et régulier des nouveaux demandeurs d'emploi.
"D'habitude, on a à peu près quatre à cinq conseillers pour l'inscription. En ce moment, on tourne à treize. On n'est pas assez nombreux pour suivre tout le monde, c'est certain. Mes conseillers ont entre 180 et 200 demandeurs d'emploi chacun à gérer, ils en voient certains, mais pas tous", assure la chef d'agence interrogée par Europe 1.
Un service réduit
Les renforts annoncés par le gouvernement en juillet ne devraient pas changer grand chose. Les 2.000 recrues ne seront en poste qu'en novembre et, surtout, ces nouveaux arrivés compensent seulement les 1.800 postes supprimés l'année dernière.
La solution qu'ont trouvée les agents est finalement simple : ils ont réduit le service. Les chômeurs ne sont plus reçus tous les mois, par exemple.