L'amitié franco-allemande mise à rude épreuve… par la réforme du collège. Berlin n'apprécie pas la suppression des classes bilangues annoncée pour la rentrée 2016 et il le fait savoir clairement au gouvernement français. Si bien que l'ambassadrice d'Allemagne à Paris a été reçue par la ministre de l'Education nationale Najat Vallaud Belkacem. Susanne WaZum-Rainer n'a pour autant pas été rassurée et redoute toujours une baisse du nombre de collégiens français qui apprennent l’allemand.
15% des élèves font de l'allemand. La réforme du collège, qui doit entrer en vigueur à la rentrée 2016, prévoit notamment la suppression des classes bilangues ainsi que des sections européennes, accusées de favoriser l'élitisme et de creuser les inégalités au collège. Ces parcours sont particulièrement prisés par les élèves souhaitant apprendre l'allemand.
Les classes bilangues avaient d'ailleurs été créées il y a dix ans pour sauver les cours d'allemand, dont le nombre d'élèves était en chute libre. Et en dehors de ces classes bilangues et les classes-européennes, l'allemand est d'ailleurs boudé par les élèves, qui sont 15% à apprendre cette langue.
"De lourdes conséquences négatives".Après l'ex-Premier ministre Jean-Marc Ayrault, professeur d'allemand avant de faire de la politique, c'est donc au tour de l'ambassadrice d'Allemagne en France de s'inquiéter de l'impact de cette mesure sur la place de l'allemand à l'école. Susanne WaZum-Rainer pronostique en effet "de lourdes conséquences négatives" sur l'enseignement de la langue de Goethe, notamment sur les jumelages et les programmes d’échange. Et plus généralement sur la dynamique des relations entre la France et l’Allemagne.
Car ce dossier est suivi de très près chez notre voisin. Le journal Der Spiegel, par exemple, affiche sa crainte avec ce titre "Au revoir Goethe", en français dans le texte.
"Cette mesure profitera notamment aux jeunes qui étudient l'allemand". La semaine dernière, Najat Vallaud-Belkacem avait déjà répondu aux attaques, assurant dans une lettre que le gouvernement pratiquait une "politique volontariste en faveur du développement de l'apprentissage de l'allemand". "J'ai décidé qu'à compter de la rentrée 2016 l'apprentissage de la première langue vivante étrangère commencerait dès le cours préparatoire (CP) pour tous les élèves", détaille la ministre. "Cette mesure profitera notamment aux jeunes qui étudient l'allemand à l'école, dont je veux que le nombre augmente. Je souhaite en effet plus de diversité linguistique dans le premier degré".
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