Que sont devenus les acquittés d’Outreau ?

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avec Arthur Helmbacher et agences , modifié à
Dix ans après le déclenchement de l'affaire, les acquittés essayent toujours de se reconstruire.

C'était il y a dix ans, jour pour jour. Le 21 février 2001, commençait la tristement célèbre "affaire d'Outreau". A la suite de signalements des services sociaux, le parquet de Boulogne-sur-Mer ouvrait l'information judiciaire qui, au fil des mois, aboutissait à la mise en cause de 18 personnes pour leur participation supposée à des orgies pédophiles, impliquant une vingtaine d'enfants à Outreau, dans le Pas-de-Calais. Ultra-médiatisée, l’affaire d’Outreau s’est effondrée comme un château de cartes. Un "naufrage judiciaire" qui a abouti à 13 acquittements, en 2005.

"Qu’il reconnaisse qu’il s’est trompé"

Sur le plan judiciaire, une commission d'enquête parlementaire, qui s’est tenue de janvier à avril 2006, a tenté de tirer les enseignements de ce fiasco judiciaire. Du côté du Conseil supérieur de la magistrature, on avait considéré que le juge Burgaud - qui avait focalisé le ressentiment des accusés - ne méritait qu'une sanction minimale de "réprimande avec inscription au dossier".

Une décision, qui aujourd’hui encore, a du mal à passer. Le prêtre ouvrier Dominique Wiel, qui fait partie des 13 acquittés d’Outreau, attend toujours le "repentir" du juge d’instruction en charge de l’affaire d'Outreau. "Je voudrais simplement qu’il reconnaisse qu’il s’est trompé, il ne l’a pas fait et ne veut pas le faire", regrette l’abbé Wiel.

Regardez les acquittés d'Outreau entendus en 2006 :

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Comme lui, les acquittés d’Outreau essayent de se reconstruire, bon gré mal gré, depuis leur acquittement. Roselyne Godard, "la boulangère", suit des études de droit. Allocataire des minima sociaux, l'ancienne commerçante a épuisé dans le paiement des honoraires d'avocats et l'achat d'une voiture les indemnités versées par l'Etat aux acquittés. Aujourd’hui, elle vivote et reste traumatisée par ses années passées en prison.

Pierre Martel, est, lui, à la retraite depuis deux ans. "J'ai fait le choix de fermer la parenthèse sur cette tragédie, de regarder résolument en avant, et de profiter de tous les moments de bonheur que la vie peut nous offrir", écrit t-il dans une lettre ouverte. Mais l’ancien chauffeur de taxi déplore que les 80 propositions de la commission d'enquête parlementaire "semblent surtout avoir accouché d'une souris".

Alain Marécaux est redevenu huissier à Calais et a refait sa vie. Il dit croire en la justice, soulignant qu'Outreau n'est "pas une erreur judiciaire", puisque "les innocents ont été acquittés". Il a écrit un livre, dont la version cinématographique sortira en septembre.

"Je regarde devant moi, j'essaie d'oublier"

Daniel Legrand, père, est à la retraite depuis deux ans. Il dit "s'en remettre un peu", mais "n'oublie pas". Un mois après son acquittement, il reprenait son travail. "On est des ouvriers, on reste des ouvriers. Les trois ans qu'on nous a pris, on va pas nous les rendre", souligne t-il.

Son fils, Daniel Legrand a dû mal à tourner la page Outreau. "Je regarde devant moi, j'essaie d'oublier", dit-il, espérant pouvoir reprendre un travail. Il a été condamné en 2007 pour une affaire de stupéfiants, mais dispensé de prison. "Depuis ce temps là, j'ai arrêté mes conneries" confie-t-il.

Le fiasco d’Outreau a abouti à plusieurs réformes : une meilleure formation des futurs magistrats à l’Ecole nationale de la magistrature, un enregistrement des interrogatoires et auditions dans les cabinets d’instruction et création de pôles d’instruction composé de trois juges dans certains dossiers.