Un hélicoptère et des gendarmes réservistes ont été appelés en renfort ce week-end sur la RCEA. RCEA, ces quatre lettres, pour Route Centre-Europe Atlantique, font trembler nombre d'automobilistes et de chauffeurs routiers qui empruntent régulièrement cette route qui traverse la France d'est en ouest. Depuis le début de l'année, 23 personnes sont mortes sur le tronçon qui passe par l'Allier et la Saône-et-Loire.
"Roulette russe avec les automobilistes"
Cette portion de 250 km est particulièrement touchée par cette mortalité. "Ce tronçon joue à la roulette russe avec les automobilistes", écrit le quotidien local La Montagne qui dresse une carte des accidents mortels. Ceux qui habitent à proximité la surnomment "la route de la mort".
Sur le bord de la route, les silhouettes noires qui marquent les lieux d'accidents mortels se succèdent régulièrement, pratiquement tous les kilomètres. Le nombre de morts est cinq fois plus important que la moyenne nationale et il a augmenté de 130% en un an, selon La Montagne.
La route "est monotone"
La raison de cette surmortalité : un tronçon d'une centaine de kilomètres à seulement deux voies, sans glissière de sécurité centrale . Plus de 10.000 véhicules s'y croisent chaque jour, dont la moitié de camions, souvent sans respecter les distances de sécurité. La route "est monotone, il n'y a pas d'intersection. Il y a des grandes lignes droites. Quand on dépasse, la visibilité est mauvaise", explique Alain, un riverain de la RCEA.
"A chaque fois on s'attend à des scénarios catastrophes"
Résultat, des accidents frontaux extrêmement violents et le plus souvent mortels. "Quand on arrive, c'est un amas de tôle. Le conducteur et le passager sont sous l'essieu avant du camion... C'est des situations que l'on voit rarement sur l'autoroute. A chaque fois on s'attend à des scénarios catastrophes", raconte un pompier qui intervient régulièrement sur la RCEA.
Des pompiers de Moulins ont tourné cette vidéo d'un accident sur la RCEA :
"On n'est pas à l'abri d'un sur-accident"
Un calvaire pour les services de secours. Pompiers et dépanneurs craignent pour leur sécurité à chaque fois qu'ils interviennent sur cette route. "Le problème c'est quand il n'y a pas de bande d'arrêt d'urgence. Les voitures se déportent mais elles ne ralentissent pas. Malgré les gyrophares, les gens passent à 90 ou 100 km/h. On n'est pas à l'abri d'un sur-accident, même quand il y a les pompiers et les gendarmes", explique Jimmy, un dépanneur.
Pourtant, "tous les ouvrages d'arts sont prévus pour que ce soit une 2x2 voies", mais rien n'est fait, déplore Alain, le riverain. Des travaux sont prévus depuis de nombreuses années. Quelques portions ont déjà été mises en service. Mais la totalité de la 2x2 voies n'est prévue au plus tôt que pour 2018. Si le nombre de morts ne baisse pas, on comptera alors "168 morts de plus", a calculéLa Montagne.