Merah, Nemmouche, Coulibaly : quand la prison fait office de sas de radicalisation. C’est le constat trop souvent dressé en retraçant le parcours des terroristes français qui sont passés à l’acte ces dernières années. Europe 1 a pu rencontrer Vincent, ancien détenu de la prison de Sequedin, qui avait raconté dans la Voix du Nord (payant), le prosélytisme des islamistes radicaux derrière les barreaux. Il témoigne de leur influence sur les jeunes délinquants.
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"On pourrait facilement tomber dans l’extrémisme". Vincent, condamné pour braquage, a côtoyé beaucoup de ces jeunes qui n’ont plus aucun repère, nourris de haine par un discours extrémiste véhiculé en prison et qui leur propose une sorte de revanche sur la société.
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"Ce sont des jeunes qui discutent de partir au djihad, il y en a même qui partent en Syrie. J’en ai vu quelques uns partir. Ils ont des contacts", raconte ce petit-fils d’Algérien. "Ces gens là disent ‘en sortant, on va tout déchirer, tout cartonner’. Mais c’est vrai qu’en prison, il y a une tension, quelque chose qui fait que l’on pourrait facilement tomber dans l’extrémisme", raconte-t-il en évoquant une dizaine de départs pour le djihad.
"Cela crée une bombe à retardement, un Coulibaly". Selon Vincent, il y a encore des Merah ou des Coulibaly en puissance. De véritables bombes à retardement, dit-il. "Ce sera de pire en pire, il y aura encore des gens qui vont sortir de prison. Derrière les barreaux, ils ont eu le temps de se ‘remplir de poudre à canon’. Après, quand ils arrivent dans leur quartier, ils sont complètement déboussolés", estime l’ancien détenu.
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"Ils sont tout le temps sur Internet, et directement en contact avec la Syrie.Cela crée une bombe à retardement, cela crée un Coulibaly, des gens qui vont aller en Syrie ou d’autres qui vont monter le bourrichon à certaines personnes. C’est ce que l’on a pu voir", se souvient Vincent. "Je suis sorti de prison il y a un mois, et c’est ce que je vois : Coulibaly et Charlie Hebdo. Donc cela fait peur", confie-t-il. Une peur d’autant plus justifiée pour Vincent, frappé par l’impuissance du système pénitentiaire à endiguer le phénomène.