RÉCIDIVE. Jeudi et vendredi, les experts se réunissent à Paris au sein d'une "conférence de consensus sur la prévention de la récidive". Objectif : apporter à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de nouvelles pistes de travail pour une meilleure lutte contre ce phénomène. En France, le terme exact de "récidive légale" définit la situation d'un individu déjà condamné qui commet dans les cinq ans une infraction identique ou de même nature que lors de sa première condamnation. Quels sont les chiffres-clés de ce phénomène ? État des lieux.
6%. C'est le taux, en 2010, des individus condamnés pour crimes (homicides volontaires, viols, vols et destructions les plus graves) qui étaient en état de "récidive légale". Ils étaient 3,9% en 2006, selon les statistiques du ministère de la Justice.
33% pour les vols et l'alcool au volant. Pour les délits, le taux est passé dans le même temps de 7% à 11,1%. Mais il varie sensiblement selon le type de délit. Les statistiques s'envolent pour les faits de vol et recel (17%) ainsi que pour la conduite en état d'ivresse (16%). Le taux de récidive pour des violences volontaires et infraction à la législation sur les stupéfiants atteint les 10%, quand il représente un taux plus faible de 5% sur les délits sexuels.
59% d'anciens détenus recondamnés. Une étude sur les seuls sortants de prison, publiée en 2011 par deux chercheurs de l'Administration pénitentiaire, a porté sur 8.500 condamnés libérés entre juin et décembre 2002, dont le parcours judiciaire a été observé sur les cinq années suivantes.
Après un an de liberté, le taux de "recondamnation" était de 32% et de 59% sur cinq ans. Là aussi, le taux de récidive varie selon la nature des faits commis : les trois quarts des condamnés pour vol (74%) ou coups et blessures volontaires (76%) écopent d'une nouvelle condamnation dans les cinq ans, contre 19% des auteurs de viol sur mineur.
Trois quarts des mineurs récidivent. Plus l'âge augmente, plus la récidive diminue, selon cette étude. Ainsi, les mineurs sont particulièrement exposés : les trois quarts ont été recondamnés dans les cinq ans.
Les peines alternatives sont moins chères… Les peines alternatives à l'incarcération reviennent moins chères. Une journée sous bracelet électronique coûte 10,43 euros quand elle coûte 85,44 euros en maison d'arrêt et 196,14 euros dans une maison centrale (longues peines). Il en va de même pour une journée en semi-liberté (les détenus rentrent en prison le soir), avec un coût légèrement inférieur à 60 euros.
…Et plus efficaces ? Entre 2008 et 2011, le nombre de placements sous bracelet électronique a presque doublé mais les autres modalités d'aménagement de peine ont stagné ou diminué.
Les chercheurs constatent pourtant que "les risques de recondamnation des libérés n'ayant bénéficié d'aucun aménagement de peine demeurent 1,6 fois plus élevés que ceux ayant bénéficié d'une libération conditionnelle".