Le Qatar, ami de la France ? Alors qu'il investit en masse dans les banlieues et possède le PSG, quatre épouses poussent un cri de colère contre ce pays qui retient leur conjoint en otage. Elles interpellent les autorités françaises pour demander la libération de leurs hommes, privés de visa de sortie du Qatar.
"C'est un cri de douleur de ces femmes et un cri judiciaire", a déclaré Me Berton, devant des journalistes réunis à son cabinet à Lille. L'avocat avait dénoncé samedi la situation de quatre Français victimes selon lui d'abus de confiance et d'escroquerie, de chantages en échange d'un visa de sortie du territoire, obligatoire dans le pays. Europe 1 revient sur l'histoire de l'un d'entre eux.
Un conflit qui tourne mal. Pour Jean-Pierre Marongiu, le piège s'est refermé il y a deux ans. L'associé qatarien de l'entreprise dans laquelle il avait investi deux millions et demi d'euros décide du jour au lendemain de s'approprier la société florissante. Le Français dénonce une escroquerie et entre en conflit avec celui qui est aussi son sponsor dans l'émirat - un homme que la loi autorise à s'opposer au visa de sortie du ressortissant qu'il parraine.
"Je suis aujourd'hui un otage". Jean-Pierre Marongiu se retrouve alors assigné à résidence et sans aucun ressource après avoir dénoncé à la télévision "un système d'esclavagisme". "Après avoir été esclave, c'est-à-dire avoir travaillé, investit, et que l'on m'a tout pris, je suis aujourd'hui un otage, puisque je ne peux pas sortir. Je risque même des peines de prison lourdes alors que je n'ai rien fait de répréhensible. Je me battais pour récupérer ce que j'avais investi, mais aujourd'hui, je ne demande qu'une seule chose c'est de rentrer en France, pour retrouver ma femme, mes enfants, vivre une vie normale", confie-t-il au micro d'Europe 1.
Condamné pour une tentative d'évasion. Jean-Pierre a même été condamné à six mois de prison pour avoir voulu quitter clandestinement le Qatar. Une tentative d'évasion en canoë vers Bahreïn qui s'est soldée par un échec. L'entrepreneur a en effet été renvoyé au Qatar, sans réaction des autorités consulaires françaises. En juin dernier, lors de son voyage au Qatar, François Hollande avait été alerté sur le sort de Jean-Pierre et des autres Français.
"Pour eux, ils sont dans leur droit". Mais pour les familles, rien n'a changé, déplore Isabelle Marongiu, la femme de l'entrepreneur. "Il font tout ce qu'ils veulent, et là, il n'a plus aucune ressource. Il a mes 300 euros par mois pour manger. Il a trouvé une chambre qu'il peut louer de manière non officielle puisqu'il n'a plus de papier officiel", rapporte l'épouse. Et de conclure : "pour eux, ils sont dans leur droit, ça fait partie de leur loi, ils font ce qu'ils veulent avec nous. Je ne demande même pas qu'ils nous rendent tout ce qu'ils nous ont volé, juste que mon mari sorte."