Le juge chargé de l'enquête sur la mort en 1996 en Algérie des moines de Tibéhirine devait entendre mercredi à Amsterdam un ex-militaire algérien qui a désigné la Sécurité militaire algérienne comme responsable de la disparition des moines, selon une source proche du dossier.
Abdelkader Tigha, ancien officier algérien en poste à Blida, au sud d'Alger, au moment de l'enlèvement des sept moines français, avait affirmé en 2002 au journal Libération, trois ans après son départ d'Algérie, que la Sécurité militaire avait organisé l'enlèvement.
Une opération de manipulation des GIA
Après plusieurs tentatives d'audition avortées ces dernières années, l'ex-militaire, expulsé de la France vers les Pays-Bas en mai 2007, devait être entendu comme témoin mercredi à Amsterdam par le juge Marc Trévidic à la demande des parties civiles, selon cette source, confirmant une information de France Soir.
Abdelkader Tigha avait désigné en 2002 l'armée et le pouvoir algériens comme étant à l'origine de l'enlèvement, le 26 mars 1996, des sept moines trappistes, séquestrés pendant deux mois avant d'être décapités. Selon sa version, les militaires y ont participé directement, afin de monter une opération de manipulation des Groupes islamiques armés (GIA) qui a mal tourné et abouti au massacre des sept religieux de Tibéhirine.
"Abdelkader Tigha était vraiment au cœur du dispositif opérationnel de l’armée et des services algériens", a réagi l'avocat des parties civiles, Me Patrick Baudouin.
L'enquête sur la mort des sept moines s'est réorientée depuis 2009 et le témoignage d'un ancien attaché de défense à Alger, le général François Buchwalter, vers une bavure de l'armée algérienne. Les parties civiles ont également demandé l'audition de l'ancien chef de poste de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) à Alger en 1996, Pierre Le Doaré, qui devrait intervenir très prochainement, selon une source proche du dossier.