Les boîtes mails peuvent nuire à la carrière professionnelle. Après le salarié de TF1 licencié pour avoir exprimé par courriel ses réserves sur la loi Hadopi, c'est au tour d'un professeur de médecine d'être inquiété pour son rejet du projet de loi Bachelot. Le professeur Bernard Granger travaille à l'hôpital Tarnier à Paris et a utilisé la messagerie commune aux chefs de service pour diffuser ses critiques. "J'avais diffusé un document, tout ce qu'il y a de plus officiel, qui faisait état hôpital par hôpital des suppressions d'emploi", explique le professeur.
La direction des Hôpitaux de Paris n'a pas apprécié : le professeur de médecine est aujourd'hui menacé de sanctions disciplinaires, au nom du devoir de réserve. "J'estime ne pas avoir outrepassé ce droit de réserve", se défend Bernard Granger. "En revanche, j'ai perdu des centaines de messages, la plupart concernant des patients". Avec cette disparition soudaine des messages envoyés et reçus les six derniers mois, le professeur parle volontiers de censure.
Ces disparitions de courriels intriguent, d'autant que la mésaventure est également arrivée à un autre chef de service parisien. Dénonçant des "méthodes d'intimidations parfois utilisées dans d'autres types de régime", le professeur Bernard Granger ne compte pas s'arrêter là. "C'est mal me connaître que croire que cela me fera taire", jure-t-il.
Depuis cet incident, plus question pour le professeur Granger d'envoyer le moindre mail groupé aux chefs de service sans l'accord de la direction qui dit oui ou non sous 24 heures. De son côté l'AP-HP dément les propos du professeur, expliquant que personne d'autre que lui n'a pu faire disparaître ces messages.