Le risque était connu et indiqué dans la notice du Propecia. Pourtant présenté comme miracle, ce médicament prescrit pour lutter contre la calvitie peut provoquer une impuissance sexuelle. Mais alors que les médecins pensaient l'effet secondaire réversible, de nombreuses plaintes de patients suggèrent l'inverse.
Une molécule qui bloque la testostérone
Environ 32.000 Français se sont fait prescrire du Propecia en 2010, indique Le Parisien. Sa molécule active, le finastéride, a pour effet de bloquer l'action de l'hormone mâle, la testostérone, qui encourage la calvitie chez les hommes qui y sont sujets. Mais en bloquant la testostérone, le finastéride peut provoquer une forte baisse de la libido.
François Desgrandchamps, professeur d'urologie à l'hopital Saint Louis, n'est pas surpris par cette annonce. "Les urologues utilisent cette molécule, à plus forte dose, depuis des années pour traiter [l'hypertrophie] de la prostate et il est apparu un risque effectif de baisse de libido et d'impuissance. Mais jusqu'à présent, il était considéré comme réversible", indique-t-il sur Europe 1.
"Le nombre de plaintes doit être pris au sérieux"
Or selon ce spécialiste, "le nombre important de plaintes spontanées de patients a une valeur scientifique et à mon avis il faut prévenir les patients et interrompre ce traitement". "Le nombre de plaintes doit être pris au sérieux", martèle le Pr Desgrandchamps.
Par ailleurs, le finastéride aurait d'autres "effets divers sur le risque de cancer de la prostate", assure le Pr Desgrandschamps. "Ce qui est vrai à 4mg (le dosage prévu dans le traitement de l'hypertrophie de la prostate, ndlr) l'est peut être à 1mg, donc le Propecia, sans qu'on le sache", alerte le médecin.
Évaluer le bénéfice face au risque
De son côté, l'Agence française du médicament (Afssaps) relativise. Son directeur générale, le Pr Philippe Maraninchi assure que les effets secondaires sont réversibles à l'arrêt du traitement. Pour lui, cette affaire relève "typiquement de la relation bénéfice/risque" que chaque patient doit bien mesurer, sans sous-estimer les risques secondaires.