L'annonce d'Aurélie Filippetti ne passe pas. La ministre de la Culture a annoncé samedi qu'elle envisageait d'étendre la redevance à tous les foyers disposant d'écrans d'informatiques. Une proposition aussitôt tempérée par l'entourage d'Aurélie Filippetti. Ces derniers précisent que cette idée est "une piste de réflexion parmi d'autres", rapporte Le Lab. L'occasion pour Europe1.fr de résumer l'enjeu d'une telle mesure.
Que propose Aurélie Filippetti ? La ministre de la Culture et de la Communication a annoncé samedi que le gouvernement examinerait, dans le cadre d'un débat pour 2013, une possible extension de la redevance audiovisuelle aux écrans d'ordinateurs afin d'attribuer plus de moyens à l'audiovisuel public. Cette taxe ne s'appliquerait qu'aux foyers n'ayant pas de télévision et ne viendrait pas s'ajouter à la redevance déjà existante, a précisé sur RTL la nouvelle ministre de la Culture.
"Est-ce qu'il faut étendre la redevance à des écrans (d'ordinateur) quand on n'a pas de télévision ? C'est une question qui se pose, mais ça serait une redevance évidemment par habitation, on ne paiera pas une redevance (en plus) si on a un ordinateur et une télé", a-t-elle ajouté.
Combien de foyers seraient concernés ? Cette taxation viserait 200.000 foyers en France. "A ce jour, il existe 50 millions de téléviseurs en France", souligne Bernard Heger, délégué général du Simavelec, le syndicat national de l'électronique grand public, interrogé par Le Figaro.
"Cela signifie qu'il y a quasiment en moyenne deux téléviseurs par foyer. Autrement dit, selon nos estimations, seulement 200.000 foyers ne disposeraient pas actuellement de télévision et seraient donc concernés par l'extension de la redevance", précise-t-il.
Combien rapporterait une telle taxe ? Certaines sources gouvernementales affirment que la redevance sur les ordinateurs pourrait rapporter jusqu'à 100 millions d'euros. Mais les professionnels du secteur avancent des chiffres bien moins élevés.
"L'extension de la redevance pourrait rapporter à l'État une somme comprise entre 20 et 30 millions d'euros", le délégué général du Simavelec, le syndicat national de l'électronique grand public. Une somme insuffisante pour compenser le manque à gagner de 40 millions d'euros depuis la suppression de la publicité après 20 heures.
Quelles réactions à ce projet ? Dans une note de blog, le blogueur Authueil critique "une nouvelle bourde" de la ministre, estimant qu'"elle ouvre une boîte de Pandore en lançant un débat qui pourrait aller beaucoup plus loin qu'elle ne le pense".
Jules Praxis, proche des socialistes et d'Europe-Ecologie-Les Verts dénonce de son côté l'impossibilité de mettre en place un telle mesure. "Et ceux qui ont une connexion de merde qui ne leur permet pas de regarder du streaming, on taxe aussi ? Mais quelle idée à la con", critique-il cité par Le NouvelObs.
L'Expansion s'interroge : "Est-il légitime de taxer un appareil dont l'objet premier n'est pas de regarder la télévision mais qui se contente de le permettre ? Quelle logique y-aurait-il à lier à la taxe d'habitation une redevance sur des appareils nomades et dont l'usage est personnel comme les smartphones ou les tablettes ?"
D'autres projets concernant la redevance ? Le gouvernement envisage également de faire payer une deuxième redevance aux propriétaires de résidences secondaires, indique Challenges. Aurélie Filippetti avait en effet évoqué pendant la campagne de François Hollande que cette redevance pour les résidences secondaires représenterait la moitié de celle de l'habitation principale, soit un peu plus de 60 euros. Cette mesure rapporterait elle aussi une vingtaine de millions d'euros et concernerait 3 millions de foyers.
La redevance aujourd'hui ? La redevance audiovisuelle, désormais appelée "Contribution à l'audiovisuel public", finance les organismes publics de télévision et de radio parmi lesquels France Télévisions ou encore Radio France. Chaque foyer fiscal propriétaire d'une ou plusieurs télévision en paye une, quel que soit le nombre d'appareils. Elle est aujourd'hui de 125 euros en France métropolitaine, et de 80 euros dans les départements d'outre-mer.