Avant que plusieurs centaines de milliers d'élèves retrouvent dans les prochains jours le chemin de l'école dans le cadre du déconfinement, des milliers d'enseignants feront leur pré-rentrée le lundi 11 mai. Dans des écoles remodelées par la crise du coronavirus, il va falloir s'adapter avec des conditions sanitaires très strictes. Si certains ont des doutes sur le bien-fondé de ce retour à l'école, d'autres ont hâte de retrouver leurs élèves, comme Antoine Papillon. "Je ne vois pas pourquoi ça se passerait mal. Au contraire, je suis pressé de revoir mes élèves", explique cet instituteur au micro d'Europe 1.
L'accueil des enfants des soignants pendant le confinement s'est "très bien passé"
La classe ambiance coronavirus, Antoine Papillon la connaît bien. Depuis plusieurs semaines, il accueille des enfants des soignants dans l'école Émile Gibier d'Orvault, près de Nantes. Il aborde donc la rentrée des classes sereinement. "Ça nous a permis de voir les gestes barrières et comment on pouvait s'organiser avec quatre ou cinq élèves", raconte le jeune enseignant de 24 ans, qui affirme que cette période particulière s'est "très bien passé".
Cette semaine, il aura en revanche 16 élèves. Pour s'y préparer, il a potassé l'épais protocole du ministère de l'Éducation nationale. Parcourant les 63 pages, il a trouvé des consignes qui correspondent selon lui majoritairement à du "bon sens", même si pour certaines d'entre-elles, un fossé subsiste entre la théorie et la pratique.
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Un protocole établi par "des gens qui ne sont pas sur le terrain"
"C'est sorti de gens qui ne sont pas sur le terrain", regrette-t-il, et forcément, l'adéquation entre les paroles et les actes est difficile à obtenir. "Par exemple, sur le protocole, il est écrit qu'on ne peut pas corriger le cahier d'un élève sans l'avoir laissé de côté 24 heures", souligne Antoine Papillon.
Pour que les élèves puissent avoir une correction de leurs exercices, il a été décidé dans son école que "les élèves allaient se corriger ensemble". "Ce sont des choses qu'on aborde en équipe et on réfléchit différemment", explique l'instituteur.
"Si nous on est terrorisés et qu'on le montre aux élèves, ils vont prendre de ça"
L'adaptation sera donc le maître-mot de cette rentrée particulière qui peut engendrer de l'angoisse chez certains enseignants. Le jeune homme n'est pas sourd à cette crainte, mais garde son optimisme. "Bien sûr, j'entends le stress", reconnaît-il. "Mais si nous on est terrorisés et qu'on le montre aux élèves, ils vont prendre de ça", prévient Antoine Papillon, qui compte bien expliquer la situation aux enfants et les rassurer.
Eux aussi vont retrouver leur école chamboulée par le coronavirus. Habituellement 24 dans leur classe à double niveau CM1-CM2, ils ne seront que 16 lors de la rentrée.