À l'origine, c'est une vaste opération de représailles qui a été lancée par la communauté tchétchène après l'agression de l'un des leurs la semaine dernière. Un adolescent de 16 ans aurait été passé à tabac et menacé par une arme à feu, selon le journal Le Bien Public. Cet épisode aurait provoqué la colère de membres de la communauté tchétchène qui ont reçu du renfort : des dizaines de leurs compatriotes ont rallié Dijon depuis la région parisienne, Saint-Étienne, Troyes, et même depuis l'Allemagne et la Belgique.
Lundi, quelque 150 personnes, parfois encagoulées et armées, se sont rassemblées dans le quartier sensible des Grésilles à Dijon. Quelques poubelles et une voiture ont été incendiées, et plusieurs individus armés ont tiré plusieurs fois en l'air en début de soirée, ont indiqué à l'AFP des sources policières.
Une centaine de protagonistes avait mené vendredi soir une expédition punitive contre un bar à chicha. Certains étaient encagoulés, armés de barres de fer, couteaux et batte de base-ball.
Des "événements graves" pour le procureur
Un autre épisode de violences a eu lieu pendant le week-end, après des invectives sur les réseaux sociaux. Dimanche soir encore, plusieurs dizaines de Tchétchènes cherchaient à en découdre. Des vidéos spectaculaires montrent notamment une voiture foncer vers eux et faire un tonneau. Un homme, gérant d'une pizzeria, a été grièvement blessé par balles, selon le préfet Bernard Schmeltz.
Au micro d'Europe 1, le maire de Dijon (PS), François Rebsamen, a condamné ces violences lundi. "C'est totalement inédit et inacceptable", a-t-il affirmé. "C'est un règlement de compte entre communautés et la police a été prise au dépourvu. Avec peu d'effectifs, elle a pu éviter le pire", a-t-il ajouté.
Des effectifs de police et de CRS en renfort
Le procureur de Dijon a déploré lundi des "événements graves". Des renforts de police et CRS seront déployés sur place dans la journée. Inquiet, François Rebsamen a affirmé avoir demandé de l'aide au sommet de l'État. "J'ai appelé le ministre de l'Intérieur hier soir et ce matin encore pour qu'il envoie dès ce soir des effectifs supplémentaires de police car il faut rassurer la population et assurer la sécurité de ces quartiers", a-t-il indiqué. Selon la préfecture, un escadron de gendarmes mobiles, soit 110 militaires, devait être déployé ce lundi soir.
Selon le procureur de Dijon, Éric Mathais, aucune interpellation n'avait été effectuée lundi en milieu de journée et "six blessés" ont été enregistrés "au total dans trois épisodes successifs (vendredi, samedi et dimanche soir)".
Une enquête a été ouverte, "en particulier pour tentative de meurtre en bande organisée, dégradations, incitation à la violence", en co-saisine entre la police judiciaire et la sécurité publique, selon Éric Mathais.