Les réseaux de drogue recrutent de plus en plus de jeunes. Certains guetteurs commencent leur carrière à l'âge de 12 ans. Dernièrement, le phénomène des jeunes tueurs à gage, comme l'illustre le parcours d'un adolescent de 14 ans recruté par les narcotrafiquants pour tuer un chauffeur VTC, a choqué l'opinion publique.
À Marseille, la police nationale réalise tous les jours des actions auprès de collégiens et lycéens des quartiers sensibles, par le biais du "centre loisirs jeunes", pour tenter de les empêcher de tomber dans les griffes des réseaux. La sensibilisation à l'entrée dans les trafics de stupéfiants est en place depuis deux ans.
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Banalisation de l’argent facile
Ces enfants grandissent au milieu des réseaux et leur violence. "C’est un peu banal, quand tu sors de chez toi, par exemple la dernière fois, j'ai trouvé en t-shirt ensanglanté par terre, et je suis passé à côté. ais je m’en fous, c’est pas mon problème en fait", témoigne un collégien participant à une de ces opérations ce jour-là. Les tentations de l'argent facile font partie du quotidien, raconte un de ses camarade de classe : "Être guetteur, crier, c’est facile à faire. T’as pas besoin de CV ou de chercher un emploi et après, à la fin de la semaine, tu gagnes beaucoup."
Lors des échanges avec les policiers, certains connaissent tout sur tout de l’organisation et de la hiérarchie des réseaux de drogue. Les tentatives d’approcher ces jeunes sont réelles, de manière souvent sournoise. "Ils vont venir en faisant les gentils, en te proposant d'acheter quelque chose, pour ensuite te gratter l’amitié et t’inciter à le faire. Ils ne viennent jamais seuls, c’est pourquoi il faut faire gaffe", observe un collégien.
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Le piège des réseaux
Les policiers interviennent pour leur faire comprendre qu’une fois dans les griffes des dealers, la réalité de l’argent facile n’est plus rose. "Ils vont commencer à diminuer la somme d’argent et à pousser au travail. Ça peut s’apparenter à de la traite, à de l’esclavage et aller jusqu’à la séquestration. C’est une réalité", témoigne Enzo, gardien de la paix qui connait bien le travail dans ces quartiers.
Malheureusement, ces adolescents sont souvent fascinés par ce monde. "Pas que par l’argent, mais par tout ce que représente aujourd’hui la délinquance et le trafic de stupéfiants. Aujourd’hui, l’exemple, ce n’est plus celui qui se lève pour aller travailler, c’est celui qui a la plus grosse montre, la plus grosse voiture et le plus de billets dans le portefeuille", déplore le major Marc, qui dirige cette unité. Ces policiers l'admettent, ces sensibilisations ne font pas tout, mais chaque enfant sauvé est une victoire.