quartier le blosne rennes 1:39
  • Copié
Sandrine Prioul (correspondante à Rennes) / Crédits photo : DAMIEN MEYER / AFP
Six semaines après une fusillade inédite dans un quartier sensible de Rennes persiste la question du trafic de drogue qui gangrène les immeubles HLM du sud de la ville. Étouffées par le sentiment d'insécurité, les familles se reposent sur un lieu refuge, tenu par les policiers : le Centre d'éducation à la citoyenneté et de loisirs de la police nationale. Europe 1 s'y est rendue.
REPORTAGE

Ils aspirent à la tranquillité. Dans le quartier sensible du Blosne, à Rennes, gangréné par le trafic de stupéfiants, difficile pour les habitants de vivre sereinement. Mais là-bas, un lieu fait office de refuge pour les enfants désœuvrés, après l'école et pendant les vacances, et pour leurs parents inquiets. Il est tenu par des policiers au cœur du quartier. Il s'agit du Centre d'éducation à la citoyenneté et de loisirs de la police nationale (CECLPN), qui compte 300 enfants inscrits. On vient y faire ses devoirs, jouer, mais dorénavant aussi se mettre à l'abri des trafiquants, sous la surveillance des policiers…

"Ce sont des proies"

"Il y a trois ou quatre ans, il n'y avait pas tout ce trafic autour de chez nous", constate Sarah, habitante du quartier, rencontrée par Europe 1 dans ce centre, refuge de quatre appartements HLM réaménagés en salle de jeux. Elle raconte qu'entre chez son père et sa mère, en à peine 300 mètres, il y a désormais huit points de trafic de crack ou autre. "Les petits jeunes qui viennent, je préfère les voir ici que les voir traîner dans le quartier avec des personnes à qui il ne faudrait pas parler", confie-t-elle.

Mieux vaut venir ici, se mesurer au Babyfoot ou sur la console avec le jeu de football Fifa. Et ce, devant une demi douzaine de policiers, et notamment l'adjudant-chef, David Penaud. "Ils ont entre 12 et 15 ans. Et puis aujourd'hui, on leur propose entre 50 et 100 euros pour chauffer et crier 'Arah' (mot clé pour indiquer la présence de policiers, ndlr) à l'autre bout du quartier. Bien sûr que ce sont des proies", se désole le policier.

"Donc notre but, c'est justement que ces jeunes-là arrivent à rester dans le centre. Et par contre, on arrive aussi à récupérer des situations où des jeunes se sont fait interpeller, on arrive à les faire revenir au centre. On discute avec eux, on essaie de raccrocher les jeunes", complète-t-il. Sport, aide aux devoirs, éducation civique… Ce policier insiste : ainsi cerné par le trafic, tout est bon pour éloigner ces jeunes de leur propre quartier et leur éviter de tomber dans l'argent facile.