La RATP a assuré jeudi que les procédures effectuées sur ses bus avant leur contrôle technique étaient régulières, alors que des chauffeurs accusent le transporteur public francilien de camoufler des signaux d'alertes. D'après les témoignages récoltés par le journal Le Parisien, les chauffeurs se voient confier une valise électronique avec laquelle ils peuvent "effacer tous les voyants signalant un souci technique sur le tableau de bord avant le passage au contrôle".
Ce sont des "allégations graves et inacceptables à l'encontre de la RATP"
"Il n'est pas possible de cacher un défaut sur un bus lors d'un contrôle technique", a souligné jeudi un porte-parole de la RATP, Jimmy Brun, lors d'une conférence de presse. Ce sont des "allégations graves et inacceptables à l'encontre de la RATP et de ses pratiques de sécurité pour les bus", a martelé le porte-parole. Selon la RATP, ces valises de diagnostic sont utilisées "dans un seul cas". Les bus, qui roulent généralement lentement en ville, empruntent parfois des voies rapides pour se rendre au centre de contrôle technique.
"Les systèmes de contrôle antipollution des bus peuvent parfois être sur-sollicités (...) et peuvent alors signaler qu'ils voient passer plus de particules que d'habitude. Dans ces cas-là, un voyant orange intermittent peut s'allumer sur le tableau de bord". La RATP demande alors aux conducteurs d'utiliser la valise pour réaliser une nouvelle mesure et "puisque le bus circule à nouveau à une vitesse normale, la nouvelle mesure ne donne aucune indication de défaut et le voyant s'éteint", a souligné Jimmy Brun.
Selon Le Parisien, "l'ordinateur de bord n'a pas le temps de rallumer les alertes" et "cette manipulation douteuse permettrait, selon les conducteurs interrogés, d'éviter une contre-visite, obligatoire si un voyant est allumé lors du contrôle technique". "Si les 'dérives frauduleuses' sont avérées, elles sont totalement inacceptables" et "la RATP doit y mettre fin sans délai et sanctionner les auteurs", a réagi Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et du syndicat des transports franciliens Ile-de-France Mobilités (IDFM), dans un message sur X mercredi soir.
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La pratique concernerait "au moins la moitié de la vingtaine de centres (dépôts de bus, ndlr)
La méthode éviterait des immobilisations coûteuses et une moindre disponibilité de la flotte, synonyme de potentielles pénalités pour le transporteur public, affirme le quotidien. Le Parisien assure avoir "pu constater l'opération par lui-même" en juin et juillet devant un centre de contrôle du Val-d'Oise accueillant des bus circulant dans Paris intra-muros.
La pratique concernerait "au moins la moitié de la vingtaine de centres (dépôts de bus, ndlr) à Paris et en petite couronne", estime Luc Wallop, ex-représentant du personnel au conseil d'administration de la RATP, présenté par le quotidien comme le "lanceur d'alerte sur ce sujet". "Tous les bus font l'objet d'un entretien et d'un suivi rigoureux", assure la RATP, avec un contrôle technique "effectué tous les 6 mois par des centres externes agréés par la préfecture de département, conformément à la réglementation" sur les véhicules lourds.
L'article du Parisien relate par ailleurs deux accidents qui ont eu lieu en 2020. Dans les deux cas, "il a été montré que les bus de la RATP, les véhicules, n'étaient pas en cause dans les accidents", selon le porte-parole de l'entreprise. Les deux salariés concernés, qui témoignent contre la RATP dans l'article, "sont depuis en conflit avec l'entreprise" et "les liens établis entre ces témoignages et les procédures réalisées par la RATP en termes de contrôle technique (...) sont fallacieux", selon Jimmy Brun.
La régie des transports parisiens a diligenté une mission auprès de son délégué général à la sécurité des transports, qui doit rendre ses premières conclusions ce week-end à Valérie Pécresse, avant un rapport plus complet dans deux semaines.