Le réalisateur Christophe Ruggia, accusé d'"attouchements" sur l'actrice Adèle Haenel lorsqu'elle était adolescente, va être présenté à un juge d'instruction jeudi en vue d'une éventuelle mise en examen, a-t-on appris auprès du parquet de Paris. Le cinéaste de 55 ans, qui conteste cette mise en cause, avait été interpellé mardi matin avant d'être placé en garde à vue pendant près de deux jours. Le parquet a précisé qu'une information judiciaire devait être ouverte dans la matinée.
La comédienne de 31 ans, récompensée par deux César, affirme avoir été victime d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" de la part de M. Ruggia quand elle était âgée de 12 à 15 ans. Ces agissements se seraient notamment produits durant le tournage du film "Les Diables" (2002) réalisé par M. Ruggia et dans lequel, alors âgée de 13 ans, elle incarne une fillette autiste qui fugue sans arrêt pour retrouver ses parents. Après avoir témoigné auprès de Mediapart et refusé dans un premier temps de saisir la justice, Adèle Haenel avait finalement porté plainte quelques jours après l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête pour "agressions sexuelles" sur mineure de moins de 15 ans "par personne ayant autorité", et "harcèlement sexuel".
Ces accusations ont provoqué un séisme dans le milieu du cinéma français
Entendue par les enquêteurs le 26 novembre et le 2 décembre, elle avait alors expliqué dans un communiqué avoir décidé de "s'engage(r) activement dans cette procédure, considérant qu'il est de sa responsabilité de justiciable comme de personnalité publique d'y prendre part, au regard de la gravité des faits dénoncés et des conséquences pour chacun". L'actrice avait ajouté que "les dénégations publiques" de Christophe Ruggia l'avaient "déterminée à obtenir judiciairement la reconnaissance de son statut de victime".
Christophe Ruggia, peu connu du grand public, s'est défendu à plusieurs reprises dans les médias, assurant par exemple avoir "commis l'erreur de jouer les pygmalions avec les malentendus et les entraves qu'une telle posture suscite".
Ces accusations ont provoqué un séisme dans le milieu du cinéma français, jusque-là resté assez imperméable au mouvement #MeToo. Dans le sillage de l'affaire Haenel, de nouvelles accusations de viol portées par une photographe française contre le célèbre réalisateur franco-polonais Roman Polanski avaient toutefois ébranlé de nouveau le milieu du 7e art.