La seconde femme à avoir porté plainte contre le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin affirme s'être "sentie obligée" d'avoir des relations sexuelles avec lui pour obtenir un logement et un emploi, selon son témoignage publié dimanche par Mediapart.
"Il ne m'a pas forcée". "Gérald Darmanin a abusé de moi mais il ne m'a pas forcée à avoir des relations sexuelles avec lui. (...) Je me sentais obligée de le faire pour avoir un logement et un travail", a déclaré au site d'information "Sarah", une habitante de Tourcoing, dans le Nord, dont Gérald Darmanin a été le maire entre 2014 et 2017. Cette femme a déposé plainte le 13 février à Paris pour abus de faiblesse, entraînant l'ouverture d'une enquête préliminaire. Auparavant, une première femme, Sophie Patterson-Spatz, avait accusé le ministre de viol mais sa plainte a été classée sans suite mi-février car l'enquête n'avait "pas permis d'établir l'absence de consentement", selon le parquet de Paris. Elle est elle-même visée par une plainte pour dénonciation calomnieuse déposée par le ministre, qui assure n'avoir "jamais abusé" d'une femme ou de ses fonctions.
"J'avais compris ce qu'il voulait". Selon le témoignage publié par Mediapart, "Sarah" a sollicité pour la première fois en septembre 2015 celui qui était alors maire de Tourcoing, dans l'espoir notamment de changer de logement. Un échange par SMS s'engage et "Sarah", qui se dit en situation de précarité, envoie au maire une photo d'elle "normale" pour se rappeler à son souvenir. Plusieurs mois après, ils se voient à son domicile et ont une première relation sexuelle. "Il m'a (...) dit que mon dossier logement, il allait s'en occuper. Il m'a pris la main et il l'a posée sur son sexe. J'avais compris ce qu'il voulait. J'ai déboutonné son pantalon et je lui ai fait une fellation", a raconté "Sarah" à Mediapart.
Des "messages coquins". La femme, qui dit avoir eu une autre relation sexuelle avec le ministre en juin 2016 dans un hôtel francilien, déclare avoir continué à échanger des SMS avec lui par la suite, notamment des "messages coquins" et des photos d'elle dénudée afin qu'il "ne (l)'oublie pas". Les avocats de Gérald Darmanin n'ont pas souhaité faire de commentaire. Dans leur réponse à Mediapart, ils ont appelé "chacun à la plus grande prudence", insistant sur le classement sans suite de la première plainte.