Quelques centaines de personnes, réunies au sein d'un collectif baptisé "Mulhouse accuse", ont manifesté jeudi dans la cité haut-rhinoise, ville natale du capitaine Alfred Dreyfus, pour s'opposer à la "falsification de l'histoire proposée par Éric Zemmour". Cette manifestation, organisée à la date anniversaire de la publication en 1898 de la célèbre lettre d'Emile Zola au président de la République, "J'accuse...!", visait à contester les propos tenus à l'automne 2020 sur CNews par celui qui à l'époque n'était pas encore candidat d'extrême droite à l'élection présidentielle.
Zemmour a "dépassé la ligne rouge"
"C'est trouble, cette histoire", avait déclaré Éric Zemmour au sujet de l'affaire Dreyfus. "On ne saura jamais, ce n'est pas évident", avait-il également affirmé concernant l'innocence du capitaine Dreyfus, condamné en 1894 pour espionnage au profit de l'Allemagne, avant d'être réhabilité en 1906. "Non, Monsieur Zemmour, depuis 1897, il n'y a aucun doute, absolument aucun, quant à l'innocence du capitaine Dreyfus", a martelé le comédien mulhousien Christophe Oster, lisant un texte au nom du collectif, devant la maison natale d'Alfred Dreyfus.
"On ne peut pas dire n'importe quoi, on ne peut pas dépasser la ligne rouge, et Éric Zemmour dépasse cette ligne", a déclaré à l'AFP Bernard Eichholtzer, porte-parole du collectif, et directeur d'école élémentaire à la retraite. "Ce sont des propos qui ne sont pas acceptables vis à vis des valeurs de la République. Quand Éric Zemmour remet en cause l'institution judiciaire, le travail des historiens, des universitaires, il véhicule des idées nauséabondes qui ne sont pas acceptables, c'est le vivre-ensemble qui est menacé", a-t-il ajouté.
La démarche du collectif, qui se veut apolitique, a reçu le soutien de près de 500 citoyens et associations, principalement en Alsace, mais également au sein de la communauté universitaire, et réfléchit à une manière de prolonger cette mobilisation pour réagir à l'expression publique de déformations de l'Histoire.