Le film de François Ozon Grâce à Dieu pourra-t-il sortir en salles mercredi ? La réponse sera connu lundi en fin d'après-midi. La justice doit dire si ce long métrage, consacré à l'affaire de pédophilie qui met en cause le père Bernard Preynat, du diocèse de Lyon, bafoue la présomption d'innocence. Ce film choc a été projetée n avant-première dans un petit cinéma de la banlieue lyonnaise,à Sainte-Foy-lès-Lyon, à deux pas du camp de scouts où les faits de pédophilie présumés se sont produits. Le reporter d'Europe 1 Jean-Luc Boujon a assisté à la projection.
"Remuant". Des applaudissements et beaucoup d'émotion. A la fin de la séance, les spectateur de Sainte-Foy-lès-Lyon restent abasourdis par la force du film. "C'est remuant", reconnaît une riveraine. "Vraiment un excellent film. François Ozon a extrêmement bien ressorti la souffrance de ces enfants devenus adultes", assure un spectateur. "Ce qu'a fait le père Preynat, c'est mal et c'est interdit par la loi. Un prêtre n'embrasse pas un enfant sur la bouche".
"Au courant de rien". Dans cette banlieue bourgeoise de Lyon, beaucoup de spectateurs se déclarent catholiques ou pratiquants. Tous ou presque connaissaient le père Preynat. "On l'a connu comme séminariste. C'était un jeune prêtre, dynamique, qui remplissait l'église. On n'était au courant de rien. J'ai été surpris", déclare l'un d'eux. A l'issue du film, certains spectateurs sont tout de même mal à l'aise. "Ce n'est pas parce qu'on sait tout ça qu'il faut se désintéresser de la religion, je suis dans l'église et je ne veux pas les accabler", confie un fidèle.
Grâce à Dieu sortira en salle mercredi prochain, sauf si, d'ici là, la justice donne raison à l'avocat du père Preynat, qui demande le report de la sortie après le procès du prêtre, prévu à la fin de l'année.