Deux heures après la violente interpellation de Théo à Aulnay-sous-Bois, le policier mis en examen pour viol a été entendu. Quinze jours plus tard, Europe 1 et L'Express ont pu accéder au contenu de ses toutes premières déclarations inscrites sur procès-verbal d'audition. Il en ressort que ce policier n’évoque à aucun moment la blessure profonde qu’il a pu causer à Théo.
"Gesticulait en tous sens". Ce gardien de la paix de 27 ans a été interrogé dès le 2 février à 19h09, soit un peu plus de deux heures seulement après l’arrestation de Théo. Il raconte cette tentative de contrôle qui dégénère, les insultes, les premiers coups et les personnes qui les encerclent. Le policier explique que deux de ses collègues et lui tentent de maîtriser le jeune homme : "(…) alors que je venais de lui saisir le bras, je recevais de sa part un coup de poing au niveau de la pommette gauche. Durant quelques instants, j’ai été sonné. J’ai compris à ce moment-là, que l’individu serait prêt à tout pour se soustraire. Il se débattait, portait des coups de poing à tout va, gesticulait en tous sens même des jambes", déclare-t-il.
"J'usais alors de ma matraque". Il raconte qu’un de ses collègues chute avec Théo : "Tous deux basculaient au sol de manière très brutale. (…) Pour ma part, je tentais de bloquer les jambes de l’auteur et en même temps de lui attraper un bras afin de l’immobiliser". Mais il ajoute : "L’individu devenait encore plus virulent. (…) Il portait maints coups de pied en arrière. Moi-même, j’en recevais plusieurs au niveau des jambes. J’usais alors de ma matraque télescopique et lui portait des coups en visant l’arrière de ses cuisses."
"En visant les membres inférieurs". Mais Théo se débat toujours et parvient à se relever. Quelques instants plus tard, le policier utilise une deuxième fois sa matraque "en visant ses membres inférieurs dans l’espoir de lui faire perdre l’équilibre et de l’amener au sol. Mon effort portait ses fruits et l’individu basculait à terre. Au sol, il continuait à se débattre, continuant à porter des coups de pied. J’ai à nouveau riposté par un coup de télescopique au niveau d’une de ses jambes." A cet instant, Théo est en caleçon, son bas de survêtement a glissé aux genoux dans la bagarre.
" Je n’ai aucune idée de la façon dont cette plaie a été faite "
"Une plaie saignante. Le fonctionnaire détaille ensuite comment il réussit à quitter les lieux malgré la présence de plusieurs "individus virulents". C’est seulement au commissariat que le policier entend le jeune homme se plaindre des fesses : "Je constatais alors qu’il présentait une plaie saignante". Et il conclut sa déposition par ces mots : "Je n’ai aucune idée de la façon dont cette plaie a été faite."
L'IGPN saisie le soir même. De son côté, Théo a étrangement refusé de voir un médecin au début de sa garde à vue, alors qu’il saignait des fesses et du nez. Mais très vite, les policiers ont appelé les pompiers pour le soigner et l’emmener à l’hôpital, où sa blessure grave a été constatée. Dès le soir même, la justice a saisi l’Inspection générale de la police nationale (IGPN).