Lundi matin, les médecins de l’hôpital de Reims ont engagé le processus de fin de vie de Vincent Lambert. Jusqu'à ce nouveau coup de théâtre, lundi soir : la cour d'appel de Paris, saisie par les parents, a ordonné le rétablissement des traitements visant à le maintenir en vie, jusqu'à ce qu'un comité de l'ONU se prononce sur le fond de son dossier.
L'homme se trouve depuis onze ans dans un état végétatif, après un accident de voiture. Grégoire Moutel, médecin et spécialiste clinique en endocrinologie et en éthique médicale, réagit chez Christophe Hondelatte.
"La situation de Vincent Lambert entre totalement dans le cadre de la loi Leonetti"
Alors que l'arrêt des soins a débuté, la famille reste plus que jamais divisée, entre la femme de Vincent Lambert, qui souhaite engager le processus de fin de vie, et les parents de Vincent Lambert, qui s'y opposent. "La situation de Vincent Lambert entre totalement dans le cadre de la loi Leonetti", estime Grégoire Moutel. "Du point de vue du droit et de l'état de la loi, le processus (de l'arrêt des soins) a été totalement respecté, pour preuve, les plus hautes instances de notre pays (le Conseil d'État, ndlr) l'ont validé."
La hiérarchisation de la parole des proches
Pour Grégoire Moutel, ce déchirement familial met en lumière une des failles de la loi Leonetti : la hiérarchisation de la parole portée par les proches. "Quand les proches portent cette voix de manière différente, la justice doit alors trancher pour trouver où se trouve la vérité et la volonté du patient", explique le médecin. Pour autant, il ne voit pas de bonne manière pour y remédier. "C'est une faille d'ordre humaine, je ne suis pas sûr que le droit peut y répondre", souligne-t-il.
Le cas de Vincent Lambert est bien particulier aux yeux de Grégoire Moutel. Selon lui, la question, dans un contexte familial apaisé, aurait été réglée depuis bien longtemps. "C'est un conflit familial qui se double d'un conflit idéologique et politique", estime-t-il. "En fonction de ses convictions, il est logique que les gens soient en désaccord et il y a des personnes qu'on ne peut pas mettre d'accord."
Christophe Hondelatte raconte l'histoire de Vincent Lambert, à travers les yeux de sa femme Rachel et de ceux de sa mère Viviane, ce lundi et mardi.