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Grégoire Allain et Laura Laplaud / Crédit photos : Pixabay , modifié à
L’Inserm, l’ANRS Maladies infectieuses et Santé Publique France ont dévoilé ce mercredi les données collectées lors de leur enquête "Contexte des sexualités en France", mettant en lumière l'évolution des pratiques sexuelles dans l'Hexagone. Une vaste étude qui alarme également sur l'augmentation des déclarations de violences sexuelles.

Les résultats de la quatrième enquête scientifique sur la sexualité des Français, intitulée "Contexte des Sexualités en France" (CSF), ont été dévoilés. Collectées entre novembre 2022 et décembre 2023 (sur une base de 31 518 personnes), les données illustrent l'évolution des pratiques sexuelles à l'échelle nationale, depuis la dernière étude menée il y a près de 20 ans, en 2006.

Les hommes plus précoces que les femmes

Si l'âge médian (celui auquel la moitié de la population a eu son premier rapport) est en légère hausse depuis la fin des années 2010, passant de 17,3 ans chez les hommes comme chez les femmes à respectivement 17,7 et 18,2 en 2023, ce dernier est en baisse depuis le début des années 1960. Il y a une soixantaine d'années, il se situait pour les hommes à 18,8 ans, et même à 20,1 ans pour les femmes, soit deux ans de plus qu'actuellement.

Le nombre moyen de partenaires sexuel(le)s au cours d'une vie a lui sensiblement augmenté chez les 18-69 ans au cours de la période 2019-2023, par rapport aux précédentes enquêtes. Les hommes connaissent désormais, en moyenne, 16,4 partenaires au cours de leur vie, contre moins de 12 entre 1992 et 2006. Les femmes avaient, elles, 3,4 partenaires en moyenne en 1992, contre 7,9 en 2023.

Augmentation des violences sexuelles

Depuis une vingtaine d'années, l'avancée des moyens technologiques a ouvert la voie à de nouveaux moyens de rencontres, notamment chez les jeunes. Ainsi, en 2023, 17,9 % des femmes et 23,7 % des hommes avaient déjà rencontré un ou une partenaire par le biais d’un site ou d’une application. C'était le cas de 39,4 % des femmes de moins de 30 ans et de 43,5 % des hommes du même âge. 

Autre chiffre en hausse entre 2006 et 2023, de manière plus inquiétante, celui des déclarations de violences sexuelles. 29,8 % des femmes de 18-69 ans déclaraient avoir subi un rapport forcé ou une tentative de rapport forcé en 2023, contre 15,9% en 2006. Chez les hommes, les proportions passent de 4,6 % en 2006 à 8,7 % en 2023. Ces évolutions peuvent s'expliquer par de plus grandes facilités à qualifier ces faits et/ou à les évoquer, avec une libération de la parole de plus en plus importante. 

Des rapports de moins en moins fréquents…

Contrairement à d'autres indicateurs, la fréquence des rapports au cours des douze derniers mois a diminué entre 1992 et 2023. Les données valent pour tous les sexes et toutes les catégories d'âge. Par exemple, la proportion de femmes âgées de 18 à 69 ans ayant eu des rapports sexuels au cours de l'année écoulée est passée de 86,4 % en 1992, à 82,9 % en 2006 et 77,2 % en 2023. De même, le pourcentage concernant les hommes est passé de 92,1 % en 1992 à 89,1 % en 2006 et 81,6 % en 2023.

…Et un recul du recours à la contraception

On note également, ces dernières années, une évolution des méthodes de contraception. Alors que plus de la moitié des femmes (55,8 %) recouraient à la pilule contraceptive en 2005, elles ne sont plus que 26,8 % en 2023, privilégiant désormais le dispositif intra-utérin (DIU ou stérilet), méthode la plus utilisée en 2023 (27,7 %), ou le préservatif (18,6 %).

Au total, elles sont 9% des 18-49 ans exposées à un risque de grossesse à n'avoir recours à aucun moyen de contraception, contre seulement 3,5% au début des années 2000. Une diminution qui entraîne nécessairement une augmentation des grossesses non-désirées. En 2023, 34,2 % des dernières grossesses survenues dans les 5 ans n'étaient pas souhaitées, du moins dans l'immédiat, contre 28,9 % en 2016.