Agriculture : la grippe aviaire aura-t-elle raison des œufs de plein air ?

oeuf plein air
Les volailles de plein air doivent désormais être élevées en intérieur (Illustration). © GEORGES GOBET / AFP
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Sandrine Prioul, édité par Gauthier Delomez
Un récent décret oblige les éleveurs d'animaux en batterie à maintenir leur élevage en intérieur pour lutter contre d'éventuels risques de grippe aviaire. Dans le bocage nantais, beaucoup d'éleveurs de volailles refusent d'appliquer la réglementation, estimant qu'elle porte atteinte au bien-être animal.
REPORTAGE

Aurons-nous bientôt des œufs de plein air confinés ? Suite à la publication d'un décret visant à lutter contre d’éventuels risques de grippe aviaire, les éleveurs d'animaux en batterie ont l’obligation de maintenir leur élevage à l'intérieur des bâtiments. Ce décret passe mal auprès des professionnels de la volaille, quelques jours après le déplacement du président Emmanuel Macron qui vantait le bien-être animal dans un refuge de la SPA. Ils considèrent que cette règle est impossible à respecter, et dénoncent tout simplement l’aberration d’enfermer des élevages de plein air. Dans le bocage nantais, Europe 1 est allé à la rencontre d'éleveurs qui ont décidé depuis ce week-end de ne pas appliquer la réglementation.

"Il y a tromperie sur la marchandise, c'est extrêmement grave"

Pour les éleveurs, la réglementation met à mal le bien-être des volailles. Celles-ci passent ainsi de dix mètres carrés au grand air à 20 fois moins d'espace et en lieu clos. Parmi eux, Jacques Dupont refuse de respecter le décret. "J'élève environ 2.000 volailles par an. Il se trouve qu'à côté, j'ai un pré où je mets des lots de 250 volailles. Donc, il faudrait les enfermer", remet-il en question. "C'est aussi une incompréhension entre ce vers quoi on veut aller, avec un produit de qualité, de plein air, et les règles qu'on nous impose à l'opposé. Ce n'est pas possible", souffle l'éleveur nantais.

Cette réglementation peut aussi s'avérer contreproductive. Les poules pourraient justement tomber malades à s'agiter et à se prendre le bec dans un lieu clos. Une situation bien loin de remplir les conditions du respect du bien-être animal revendiqué par les labels "élevé en plein air". Comme pour Jacques Dupont, c'est non pour Audrey Lacroix qui souhaite que les volailles restent dehors. "Nous demandons à l'État de revoir sa copie", avance-t-elle. "L'année dernière déjà, pendant sept mois, les gens ont acheté de la volaille de plein air qui n'en était pas, qui avait vécu claustrée", souligne l'éleveuse, avant d'asséner : "Il y a tromperie sur la marchandise, et c'est extrêmement grave".

Pour les éleveurs, il faut résister sinon il en sera fini des œufs et des poulets de plein air. Ils dénoncent également l'utilité de cette réglementation, justifiant que les derniers cas de grippe aviaire près de chez eux provenaient d'élevages déjà claustrés, et non d'une contamination des oiseaux migrateurs.