Le futur PDG d'Air France-KLM devra reprendre la négociation avortée sur les salaires "ou alors il y aura quinze jours de grève", prévient Philippe Evain, président du premier syndicat de pilotes de la compagnie aérienne française, dans une interview au Parisien dimanche.
La négociation ou "quinze jours de grève". Sans patron depuis le départ de Jean-Marc Janaillac début mai, Air-France-KLM a décidé de tripler la rémunération de son futur PDG pour attirer les candidats, au risque de jeter de l'huile sur le feu après l'échec des négociations salariales et les grèves à répétition du printemps. "C'est un symbole. Surtout si la nouvelle direction n'entend pas négocier. Mais je n'y crois pas. Ou alors, il y aura quinze jours de grève", affirme Philippe Evain dans cet entretien au Parisien. Cet avertissement clair du SNPL fait écho à celui de l'intersyndicale d'Air France, dont les dix organisations ont annoncé fin juillet qu'"avec ou sans PDG, dès le mois de septembre (...) le conflit pour les salaires reprendra et seul un accord pourra y mettre fin".
Un regain de tensions. Un regain de tension estival lié aux atermoiements dans la désignation du successeur de Jean-Marc Janaillac. En juin, la nomination de Philippe Capron, énarque et directeur financier de Veolia, a tourné au fiasco après avoir été éventée dans la presse. Cette semaine, des fuites similaires ont révélé que le numéro deux d'Air Canada, Benjamin Smith, était pressenti à la tête du groupe franco-néerlandais. Une hypothèse que Philippe Evain a qualifié sur Twitter de "grave erreur".
Au sujet de la gouv d'AFKLM, il semble que DELTA et KLM pèsent de plus en plus. Donner suite à une solution (ben Smith) dont le seul avantage serait le maintien des personnes qui ont échouées serait une grave erreur. D'autres solutions à portée de nous existent! AF le mérite...
— Philippe Evain (@evainphil) 7 août 2018
Vers une "Air France sous influence nord-américaine ?". "Nous sommes inquiets. Nous pensons qu'il faut un dirigeant connaissant les spécificités du dialogue social français", a-t-il expliqué au Parisien, affirmant que "deux ou trois talents, des industriels, qui connaissent le marché européen, sont écartés sans aucune raison objective". "Des Français ayant un parcours international répondent à ce profil", affirme pour sa part Paul Farges, représentant des pilotes actionnaires au conseil d'administration d'Air France-KLM, dans une tribune publiée par le Journal du dimanche.
Les salariés détiennent 3,9% des actions de la société, loin derrière l'Etat français (14,3%) et les compagnies Delta Airlines et China Eastern, entrées l'an dernier au capital à hauteur de 8,8% chacune. Pour Paul Farges, le choix du canadien Benjamin Smith reviendrait à "placer Air France sous influence nord-américaine" et serait le signe que Paris "aurait renoncé à sa souveraineté aérienne".