C'est un terme qui fait débat dans la classe politique et dans le débat intellectuel. Le "wokisme", terme venant des Etats-Unis et désignant des personnes conscientes des oppressions vécues par les minorités, est ainsi devenu l'objet de vives controverses, étant régulièrement ciblé par la droite et l'extrême-droite, mais aussi par une partie de la majorité LREM et de la gauche. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a par exemple lancé récemment un think thank ayant notamment pour objet de remporter "la bataille des idées" face au "wokisme". Invité dimanche du Grand rendez-vous Europe 1/Les Echos/CNews, le philosophe Alain Finkielkraut a lui aussi ciblé ce courant de pensée, dans lequel il voit "le retour inattendu de l'idéologie".
Le "wokisme" "m'inquiète énormément", confie l'essayiste. "Au temps du communisme, l'idéologie était la division d'un monde en deux dimensions : les exploiteurs et les exploités. Cette idéologie renaît sous la forme du 'wokisme'. D'un côté il y a le mâle blanc prédateur, et de l'autre, les femmes, les minorités raciales et sexuelles."
"Une arrogance du présent"
"J'ai peur pour les jeunes, peur de ce que devient l'université française, certains médias", poursuit l'invité d'Europe 1. Chez les "wokes", "il y a un vertige de la supériorité morale, une arrogance du présent", estime-t-il encore, dressant un portrait apocalyptique de la sphère intellectuelle. "L'université est dévastée, les médias atteints." Reste que selon Alain Finkielkraut, il y a, en France, "des contre-feux".
Le "wokisme" "est la destruction du sens commun", s'inquiète encore Alain Finkielkraut. Et de conclure : "C'est vertigineux."