Quel souvenir gardez-vous de votre dernier passage à l'hôpital ? La santé publique est un secteur en crise : sous-effectifs, salaires trop bas, manque de lits… la situation devient critique et les professionnels de la santé tirent le signal d'alarme. Autant de raisons pour consolider coûte que coûte les relations entre soignants et patients. Alors que les infirmiers, médecins et aides soignantes sont débordés et doivent chronométrer le temps qu'ils consacrent à chaque patient, de belles histoires continuent de se produire grâce au dévouement sans faille de ces professionnels.
"Je leur ai offert un bouquet de fleurs"
Manon, étudiante de 24 ans, a subi une IVG médicamenteuse à domicile cet été, mais la jeune femme a fait une hémorragie. Elle se rend d'abord dans une clinique privée qui refuse de la prendre en charge, puis Manon se tourne vers l'hôpital public malgré les préjugés qui trottent dans sa tête. "Mais vraiment, je me vide de mon sang par poche, j'avais des pantalons remplis de sang", se rappelle l'étudiante. Lorsqu'elle franchit les portes de l'hôpital, son hémorragie a été prise très rapidement. "Je m'attendais à ce qu'il y ait énormément d'attente, que ça ne fonctionne pas forcément très bien", admet-elle. "Au final, ça a été tout l'inverse."
"Je suis tombée sur des personnels du corps médical qui étaient alertes, doux, prévenants, qui prenaient aussi en compte l'état psychologique dans lequel on peut être." Manon a été rassurée tout au long de ses soins. "Je leur ai offert un bouquet de fleurs après, alors que vraiment je n'ai pas un sou", raconte la jeune femme, reconnaissante. "C'est quand même fou que ça vienne de l'hôpital public, où justement, on sait très bien qu'ils n'ont pas de moyens et que c'est compliqué."
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"Elle m'a tenu la main"
Philippe, ancien patient, a été hospitalisé l'an dernier à cause du Covid-19. "J'ai été placé dans le coma pendant une dizaine de jours et j'ai passé ensuite trois mois à l'hôpital, en service de réanimation d'abord et puis ensuite en infectiologie", raconte-t-il. L'homme de 47 ans admet avoir senti les faiblesses de l'institution. "Le personnel est souvent en sous effectif, donc en tant que malade, forcément, on le ressent quand on reste longtemps, au fur et à mesure des journées et des semaines." Pourtant, il a chéri sa relation avec ses soignants. "Même si le personnel avait énormément de travail, on sentait qu'il faisait les choses quand même avec une grande humanité."
Philippe se souvient notamment d'une période difficile de son hospitalisation. "Par exemple, en réanimation, après mon réveil, j'étais complètement paranoïaque, paniqué. J'avais peur qu'on me tue, j'avais des hallucinations et des peurs vraiment extrêmes. Je me souviens d'une infirmière qui s'est accroupie à côté de mon lit, qui m'a tenu la main, qui m'a parlé pendant plusieurs dizaines de minutes pour me rassurer puisqu'elle voyait que je pleurais et que je tremblais." Cet ancien malade du Covid salue "une prise en charge de très bonne qualité médicale mais aussi humaine."