Il y a de plus en plus d'apprentis en France. Près de 700.000 contrats ont été signés l'an dernier et ce record pourrait être battu en 2022. Un système victime de son succès. Car cela coûte trop cher pour l'État qui veut raboter les crédits accordés, avec comme objectif 800 millions d'euros d'économies à partir de septembre.
Des formations remises en cause
C'est un vrai coup de massue pour les acteurs de la filière, inquiets pour l'avenir de certaines formations. C'est le cas dans le centre de formation d'apprentis de Mâcon, en Saône-et-Loire. À deux semaines de la rentrée, Emmanuel, président de l'institut de formation, avait prévu d'ouvrir en septembre une formation bac +3 en informatique, avec huit étudiants en apprentissage, pour un budget prévisionnel de 11.600 euros par étudiant. Mais avec la baisse de la prise en charge de l'État, la formation est remise en cause.
"Cette réduction des contrats était attendue"
"Selon toute vraisemblance, si les conditions de l'État ne changent pas, ils feront leur poursuite d'études à Lyon, à Dijon ou à Paris. Ils ne pourront pas le faire à Mâcon", déplore-t-il au micro d'Europe 1. Cette baisse de 5% des coûts de certains contrats d'apprentissage, souhaitée par le gouvernement, n'est pourtant pas une surprise, selon Yves Hinnekint, président de l’association Walt, qui représente une partie des professionnels de l'apprentissage.
"Cette réduction des contrats était attendue, mais sa mise en application, elle, surprend puisque les règles de cette application tombent depuis juillet dernier. Le problème, c'est que financer 730.000 apprentis avec le même budget qu'en 2018, n'est pas possible", explique-t-il sur Europe 1, alors qu'il y a quatre ans, il y avait 400.000 apprentis.
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L'État espère atteindre 800 millions d'euros d'économies avec ce rabotage. L'association Walt demande plus de temps pour que les acteurs de l'apprentissage puissent s'organiser et trouver de nouvelles solutions de financement. Le gouvernement se défend ce jeudi matin dans les colonnes du Figaro. "L'État a beaucoup soutenu la filière pour maintenir la dynamique positive de l’apprentissage pendant la crise. Il nous faut maintenant construire le soutien de demain en garantissant le succès de la filière et le ciblage pertinent des aides publiques", a dit Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement.