Leur bataille rangée avait transformé un hall de l'aéroport d'Orly en arène début août et retardé plusieurs vols : Booba et Kaaris, ennemis jurés du rap français, sont jugés jeudi à Créteil pour une rixe qui leur a déjà valu trois semaines de prison.
Ils risquent jusqu'à dix ans de prison. Libérés fin août, ils comparaissent devant le tribunal correctionnel qui avait ordonné leur placement en détention provisoire. Neuf membres de leurs clans respectifs impliqués dans la rixe sont également poursuivis pour violences aggravées et vols en réunion. Tous risquent jusqu'à dix ans de prison. Depuis leur libération, Booba, de son vrai nom Elie Yaffa, et Okou Gnakouri, alias Kaaris, ont versé chacun une caution de 30.000 euros, ont interdiction de quitter la France et se tiennent à carreau.
Pourra-t-on suivre le procès Booba vs. Kaaris sur Twitter ?
"Légitime défense". Face aux enquêteurs, les deux anciens complices devenus rivaux avaient joué la carte de la "légitime défense" pour justifier leur coup de sang du 1er août. Ce jour-là ils, doivent prendre le même avion pour Barcelone : ils sont chacun attendus sur scène le soir même, dans deux clubs séparés de seulement quelques mètres, une pure coïncidence, selon les deux camps. Mais dans la salle d'embarquement, la haine recuite entre les deux rappeurs explose. Depuis plusieurs années, "B2O" et son ancien poulain "K2A" - ils ont collaboré en 2012 sur le titre "Kalash" - s'invectivent sur les réseaux sociaux et par vidéos interposées.
Qui a commencé ? A sept contre quatre, le clan Booba affronte celui de Kaaris, au milieu de passagers éberlués et de leurs smartphones. La boutique de duty free à proximité sert de réservoir à projectiles. Bilan : quelques blessés légers, plusieurs vols retardés et plus de 50.000 euros de préjudice. Aéroports de Paris, Air France et le propriétaire de la boutique ont porté plainte. Selon la police, la vidéosurveillance de l'aéroport montre que Booba a porté le premier coup. Mais en garde à vue, le rappeur a assuré avoir reçu un projectile alors qu'il tentait de "contourner" Kaaris. "Ensuite, c'est parti", a-t-il expliqué aux enquêteurs.