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Stéphane Burgatt (à Marseille) / Crédits photo : LUDOVIC MARIN / AFP
À l'heure où la lutte contre les narcotrafics s'intensifie, les enquêteurs estiment ne pas se battre à armes légales face aux narcotrafiquants. Sans parler de la question des moyens financiers et humains, l'arsenal juridique ne permet pas d'aller assez loin et assez vite selon eux, et pire, les procédures judiciaires joueraient en leur défaveur.

Une opération "Place nette" a lieu depuis lundi matin dans la cité de La Castellane à Marseille, un haut lieu du trafic de stupéfiants dans la cité phocéenne. Selon les informations d'Europe 1, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti se rendront sur place ce mardi. Un binôme d'autant plus important pour les forces de l'ordre que, face au narcotrafic, les policiers savent qu'ils pourraient faire bien mieux si seulement l'arsenal juridique permettait d'aller plus loin et plus vite.

S'inspirer du modèle italien

Crise de vocation pour les services d'enquête depuis deux ans maintenant et ce n'est pas prêt de s'arranger, déplore le porte-parole national du syndicat Alliance, Rudy Manna. "Imaginez que vous avez travaillé pendant huit mois sur un dossier, vous avez des avocats en face, s'il y a une erreur dessus, ils vous cassent la procédure, c'est vachement rabaissant !" lance-t-il avant de poursuivre. "Beaucoup rentraient dans la police il y a 15 ans pour mener des enquêtes à bout, après des filatures. Aujourd'hui, plus personne ne veut faire ça dans la police", affirme-t-il.

Selon lui, il serait utile de s'inspirer de la méthode italienne. "Ils n'attendent pas que la procédure soit finie pour saisir tous les biens du mis en cause. En France, tant que la procédure n'est pas finie, on ne peut pas saisir. Vous avez des procédures qui peuvent durer jusqu'à sept ans ! Ce n'est pas normal non plus !" s'exclame-t-il.

"On ne peut pas rester dans cette opposition"

Pourquoi pas aussi importer le système des repentis pour briser l'omerta dans les cités, plaide Bruno Bartocetti, d'unité SGP Police pour la zone Sud. "S'ils veulent coopérer avec nous, il faut des garanties pour bien les protéger, mais protéger aussi leurs familles. Partir sur un changement d'identité. Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir. De toute façon, on ne peut pas rester dans cette opposition. Il faut aller beaucoup plus loin", glisse-t-il.

Les enquêteurs font aussi part de leur frustration face aux boutiques "uber shit" sur les réseaux sociaux, à portée de clic, pourtant inatteignables.