Deux personnes ont été grièvement blessées lors d'une attaque à l'arme blanche vendredi matin à Paris, devant les anciens locaux du journal Charlie Hebdo, dans le 11e arrondissement. Deux personnes ont été placées en garde à vue, dont le suspect principal, arrêté environ une heure après les faits. Le parquet national antiterroriste a ouvert une enquête pour "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste". "Le mode opératoire utilisé, avec arme blanche, est préconisé par la plupart des organisations djihadistes", relève au micro d’Europe Soir Jean-Charles Brisard, le président du Centre d’analyse du terrorisme. Selon lui, le lieu même de cette attaque évoque un attentat : "devant Charlie, c’est extrêmement symbolique."
"Un climat de tension dans la sphère islamiste radicale française"
"Le plus probable est que ces individus aient agi seuls, et que leur passage à l’acte ait été inspiré par la propagande djihadiste", estime ce spécialiste du terrorisme islamiste. "Depuis quelques semaines, l’ouverture du procès des attentats de Charlie Hebdo et la republication des caricatures (du prophète Mahomet réalisées par le journal satirique, ndlr) ont généré un certain nombre de menaces, de la part notamment d’AQPA (Al-Qaïda dans la péninsule Arabique, ndlr) qui avait revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo", constate Jean-Charles Brisard. "Tout cela a créé un climat de tension dans la sphère islamiste radicale française."
L'"activisme" des condamnés pour faits de terrorisme qui sortent de prison
Ainsi, la France ferait face selon lui à une forte recrudescence de la menace terroriste. Il avait d’ailleurs publié jeudi, sur le site du Figaro, une tribune alertant sur "le risque d’actions violentes ciblées", et co-signée avec l’avocat Thibault de Montbrial, également président du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure. "Aux audiences de Charlie Hebdo, il y avait plusieurs individus condamnés pour des faits de terrorisme, cela témoigne d’une volonté d’activisme et de provocation décomplexée", soutient Jean-Charles Brisard.
Il évoque notamment les 8.000 personnes actuellement suivies pour radicalisation en France, mais aussi les 43 djihadistes qui doivent sortir de prison cette année après avoir purgé leur peine, selon les chiffres du ministère de la Justice. "On ne peut pas surveiller tout le monde. Les services font un tri après avoir évalué les individus", précise-t-il.
Mais Jean-Charles Brisard tient également à rappeler que près de 60% des actes terroristes commis en France depuis 2012 ont été perpétrés par des individus inconnus des services de renseignement. "On est face à une menace imprévisible, avec des individus que les services de renseignement ne connaissent pas."
Ce que l’on sait du profil du suspect
Le jeune homme arrêté vendredi juste après l’attaque, et décrit comme "l’auteur principal des faits" par Jean-François Ricard, le chef du parquet national antiterroriste, est né au Pakistan. Âgé de 18 ans, il avait déjà été interpellé en juin dernier, gare du Nord à Paris, en possession d’une arme blanche. Les enquêteurs ne savent cependant pas depuis combien de temps il séjourne en France et les services de renseignement n’ont pas d’informations sur lui.