L'assaillant armé d'un couteau qui a tué un passant samedi soir à Paris est un Français de 20 ans né en Tchétchénie, connu des renseignements et fiché S. Khamzat A. a été abattu par la police peu après son attaque, revendiquée par le groupe État islamique. Europe1.fr revient sur le parcours de cet homme naturalisé français en 2010.
Un Français né en Tchétchénie
Khamzat A. est né en novembre 1997 en Tchétchénie, république musulmane constitutive de la Fédération de Russie, dans le Caucase. Selon l'agence de presse publique russe Ria Novosti, l'ambassade de Russie en France a demandé aux autorités françaises des "informations sur la nationalité de l'assaillant". Le jeune homme a grandi dans une famille de réfugiés à Strasbourg, dans le quartier populaire d'Elsau, où vit une importante communauté tchétchène, selon une source proche du dossier à l’AFP.
D’après Le Point, il serait arrivé en France au début des années 2000 avec ses parents, qui avaient obtenu le statut de réfugiés. Il a été naturalisé français en 2010 "suite à la naturalisation de sa mère", a précisé sur LCI dimanche Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement. D’après France 3, il a passé son baccalauréat à Strasbourg et s’était installé récemment avec ses parents en région parisienne.
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Proche des milieux radicaux islamistes
Khamzat A. n’était pas connu des services de police et n’avait aucun antécédent judiciaire. Il était en revanche connu des services de renseignements et faisait l’objet d’une fiche S pour "sûreté de l’État", a appris Europe 1. Il était aussi inscrit au FSPRT, le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste, depuis l'été 2016. "Mais cet objectif était suivi à bas bruit car c'étaient plutôt ses relations qui avaient appelé l'attention des services plutôt que son propre comportement, ses agissements et prises de position", selon une source proche du dossier à l’AFP.
À Strasbourg, Khamzat A. "apparaissait dans la périphérie d’un groupe de jeunes hommes exprimant des velléités de départ" pour la zone syro-irakienne. Il a été entendu comme simple témoin en avril 2017 par la section anti-terroriste de la brigade criminelle à ce titre. Cette audition n'a donné lieu à aucune procédure judiciaire, car "Khamzat A. n'apparaissait ni comme le leader de ce groupe, ni même comme le plus motivé pour se rendre sur zone", selon une source au Point.
Membre d'une filière terroriste tchétchène ?
"L'auteur de cette attaque au couteau à Paris est un soldat de l'État islamique", affirme le communiqué de revendication de l'agence Amaq, l'organe de propagande du groupe État islamique, précisant agir en représailles des opérations de la coalition antiterroriste en Syrie, dont la France fait partie. Compte tenu du mode opératoire de l’attaque, menée au couteau, et des témoins rapportant que l’assaillant a lancé "Allah Akbar" ("Dieu est grand"), la section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie de l’affaire. Une vidéo montrant un homme se présentant comme l'assaillant et prêtant allégeance à Daech a aussi été diffusée par Amaq, dimanche soir.
On ne connait toutefois pas, pour l’heure, ses liens - s’ils existent - avec le groupe terroriste, qui recrute dans la région du Caucase. Pour Charles Pellégrini, ancien membre de la cellule antiterroriste de l'Élysée et consultant en analyse de risques, Khamzat A. pourrait faire partie d’une filière djihadiste tchétchène. "La communauté tchétchène musulmane radicale est radicalisée depuis longtemps. Il n’est pas totalement aberrant qu’un Tchétchène radical se trouvant en France commette cet attentat. Il n’y a pas vraiment de filière terroriste (tchétchène) mais une nébuleuse, alimentée par une rhétorique anti-occidentale, qui vise à implanter le salafisme partout où cela peut se faire", a-t-il expliqué sur Europe 1.
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Les parents de Khamzat A., habitants aujourd’hui à Paris, ont été placés en garde à vue dimanche matin. Une perquisition a été menée dans la nuit de samedi à dimanche dans le 18e arrondissement, là où Khamzat A. vivait avec eux. Les éventuelles saisies permettront peut-être aux enquêteurs d’éclaircir le mobile, ou des complicités.