Lieutenant-colonel du groupement de gendarmerie de l'Aude, Arnaud Beltrame a réalisé un "acte d'héroïsme" vendredi. Cet homme de 44 ans, en poste depuis peu dans le département, s'est substitué à un otage lors de l'attaque au Super U de Trèbes. Il est mort dans la nuit de vendredi à samedi.
Parmi les primo-arrivants. Arnaud Beltrame est l'un des premiers gendarmes à s'être rendu sur les lieux de la prise d'otage, qui se trouvait sur sa zone. Au moment où il entre dans le supermarché, le terroriste retient une femme, la menace directement. Le gendarme propose alors d'échanger, de se constituer otage. Son téléphone sert ensuite à établir le contact avec les forces de l'ordre. Début de négociation, puis plus rien. Quand tout le monde est prêt à donner l'assaut, trois coups de feu retentissent et indiquent que le terroriste s'en est pris au lieutenant-colonel. L'assaillant est abattu par le GIGN. L'officier, lui, est grièvement blessé, évacué vers l'hôpital, où il a succombé à ses blessures dans la nuit.
Un parcours modèle. Fait chevalier de la Légion d'Honneur en mai 2012, Arnaud Beltrame, marié sans enfant, a toujours fait figure de gendarme modèle. Dans un communiqué, l'Elysée indique qu'il était "sorti major" de sa promotion de l'Ecole militaire de Saint-Cyr Coëtquidan" en 1999, ses supérieurs "notant en lui un militaire qui 'se bat jusqu'au bout et n'abandonne jamais'". Il était également sorti "major", en 2001, de l'Ecole des officiers de la gendarmerie nationale "En 2003, il fit partie des sept candidats sur 80 retenus pour intégrer le GSIGN (actuel GIGN)", ajoute le communiqué de l'Elysée. "Chuteur opérationnel, il fut déployé en Irak en 2005 où il fut décoré de la croix de la valeur militaire avec citation à l'ordre de la brigade" en 2007.
Commandant de compagnie au sein de la Garde Républicaine, "il assure pendant quatre ans la sécurité du palais de l'Elysée". Il prend en 2010 le commandement de la compagnie d'Avranches (Manche), jusqu'en 2014, où il devient conseiller auprès du secrétaire général du ministère de l'Ecologie. Nommé officier adjoint au commandement du groupement de gendarmerie de l'Aude en 2017, "ses aptitudes au commandement, sa disponibilité, son infaillible implication étaient appréciées de tous, notamment dans le développement de la capacité contre-terroriste des unités de gendarmerie de l'Aude". Fait prémonitoire, en décembre 2017, il avait participé à un exercice simulant une tuerie de masse dans un supermarché de la région, selon le quotidien régional La Dépêche du Midi.
Un geste unanimement salué. Le geste du lieutenant-colonel n'est pas prévu par les procédures établies sous Bernard Cazeneuve après l'attentat du Bataclan. Les premiers sur place sont censés tirer, tout faire pour abattre le terroriste, et non se substituer aux otages. Son geste a toutefois été salué par Gérard Collomb : "Je veux saluer le courage du lieutenant-colonel. Un acte d'héroïsme dont sont coutumiers les gendarmes, les policiers qui s'engagent au service de la nation pour protéger nos concitoyens", a souligné le ministre de l'Intérieur.
Emmanuel Macron a lui aussi salué le "courage exceptionnel" de ce gendarme, qui "a sauvé des vies et fait honneur à son arme et notre pays. Toutes nos pensées vont à lui et à sa famille", a ajouté le chef de l'Etat. Et de conclure : "Le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame est mort au service de la nation, à laquelle il avait déjà tant apporté. En donnant sa vie pour mettre un terme à l'équipée meurtrière d'un terroriste djihadiste, il est tombé en héros".