"Stop à la violence, stop, stop" : comme l'indique le message écrit à la main sur la façade de la marie, la petite ville de Trèbes, dans l'Aude se recueille ce dimanche à la mémoire des quatre victimes abattues par Radouane Lakdim.
Une messe en hommage aux victimes. "Je suis très triste. Toute la France est malheureuse", explique, des rameaux d'olivier à la main, Emile Acco, peintre carrossier à la retraite devant l'église de Trèbes. "J'ai envie de prier pour le gendarme qui a donné sa vie, pour tous ceux qui ont perdu la vie, pour le monde entier. On a envie que ça s'arrête", poursuit Jean-Pierre Bordeaux venu du village voisin de Capendu avec sa femme Henriette pour assister à la messe de 10h30 en hommage aux victimes. "Nous sommes venus (...) pour donner la main aux familles en ce jour des Rameaux. C'est plus que dur, on n'est à l'abri de rien nulle part", poursuit-il.
La messe du dimanche des Rameaux, célébrée dans l'église de cette commune de l'Aude de 5.000 habitants, a en effet pris une tonalité particulière, deux jours après la série d'attaques terroristes qui a frappé la région. Dans une église pleine, les habitants ont rendu hommage et écouté solennellement l'homélie de l'évêque de Carcassonne et de Narbonne, Alain Planet, qui a spécialement fait le déplacement. "L'heure n'est qu'à la prière et à la compassion. Puissent de tels événements nous permettre de trouver le courage pour refonder une société où ils ne seraient plus possibles", a déclaré Alain Planet. Arnaud Beltrame "joignait à ce dévouement de soldat la foi d'un chrétien prêt à entrer dans la Semaine sainte", a-t-il également souligné, en mémoire du gendarme qui a laissé sa vie vendredi pour sauver une otage.
Pendant ce temps là, à l'extérieur, les fidèles qui n'ont pas pu s’asseoir ont observé un temps de silence :
"Une vie donnée ne peut être perdue" les mots de l'évêque de Carcassonne pour le lieutenant-colonel Beltrame à la cérémonie d'hommage en l'église de #Trèbes. Silence pesant. Le recueillement. #franceinfopic.twitter.com/MHRXg1lqIU
— B.Illy (@BenjaminIlly) 25 mars 2018
À la fin de l'homélie, Mgr Alain Planet a émis une dernière prière pour "Arnaud, Jean, Christian et Hervé", les quatre victimes des attaques. Plusieurs représentants de la communauté musulmane de Carcassonne ont également fait le déplacement. "Ce qui est très beau et nous fait avancer, c'est que la communauté musulmane de Trèbes s'associe à notre peine et c'est ensemble que nous allons être proche des victimes et de leurs familles", a d'ailleurs salué le prêtre Philippe Guitart, habituel curé de la paroisse. "Il faut aider les gens à apprendre à vivre ensemble, pas malgré leurs différences, mais avec leurs différences", a-t-il expliqué à franceinfo, saluant un "message de paix".
Hommage national. Au surlendemain des attaques de Carcassonne et du Super U de Trèbes, le patron des gendarmes Richard Lizurey est attendu à Toulouse et à la caserne du groupement de l'Aude à Carcassonne, pour y rencontrer les hommes du GIGN intervenus lors de la prise d'otages, ainsi que la veuve du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame. Cet officier de gendarmerie est tombé en "héros" sous les balles de l'assaillant après s'être livré à la place d'une otage du Super U. L'Elysée a annoncé qu'un "hommage national" lui serait rendu à une date qui n'a pas été précisée.
Radouane Lakdim, un Français d'origine marocaine de 25 ans, s'était présenté vendredi comme "un soldat" du groupe djihadiste Etat islamique, lequel a peu après revendiqué les attaques. S'il avait été repéré et suivi par les services de renseignement, "nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation", a concédé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.
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Deux personnes en garde à vue. A son domicile, dans la cité d'Ozanam à Carcassonne, les enquêteurs ont découvert des "notes faisant allusion à l'Etat islamique" et s'apparentant à un testament, selon des sources concordantes. Parallèlement, deux personnes ont été placées en garde à vue : un jeune de 17 ans présenté comme un ami de Radouane Lakdim, et sa compagne. Au total, Radouane Lakdim a tué quatre personnes, dont le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, qui s'était livré à la place d'une otage. Une Marche blanche est en préparation pour leur rendre hommage samedi à la veille de Pâques, selon ses organisateurs.