Le 1er octobre 2017, deux étudiantes, Mauranne, 20 ans, et sa cousine Laura, 21 ans, avaient été assassinées par un ressortissant tunisien en situation irrégulière devant la gare Saint-Charles, à Marseille, une attaque revendiquée par l'organisation État islamique. La veille de ce double meurtre, cet homme de 29 ans, interpellé pour un vol à l'étalage à Lyon, avait été libéré du fait de l'absence d'une personne ayant autorité pour signer la procédure d’expulsion et de placement dans un centre de rétention. Deux ans après les faits, les parents des deux jeunes victimes, qui ont entamé une procédure judiciaire en octobre 2018, continuent de se battre pour que la responsabilité de l'État dans ce dramatique imbroglio juridique soit reconnue.
Ceux-ci ont pris connaissance du dernier rapport remis à la cour administrative, où il est écrit que les dysfonctionnements relevés au niveau des services de la préfecture du Rhône n'ont finalement aucun lien avec l'acte terroriste. Et pourtant, peu après l'attentat, le ministre de l'Intérieur de l'époque, Gérard Collomb, disait exactement l'inverse. Et un rapport de l'inspection générale de l'administration publié peu après l'attentat avait conclu à de "graves dysfonctionnements du dispositif de l'éloignement" au sein de la préfecture du Rhône. Le préfet avait d'ailleurs été limogé.
"Aujourd'hui, on a l'impression que l'État revient sur ses propos, quand ils expliquent qu'il n'y a pas de cause entre ce qui s'est passé le samedi (la libération) et ce qui s'est passé le dimanche (l'assassinat)", souligne avec force Dominique Harel, le père de Mauranne. "On ne peut pas dire ça par rapport aux dysfonctionnements graves qui ont été notés dans le rapport et tout ce qui a été expliqué depuis. Ce n'est pas possible pour nos filles qu'elles soient mortes et qu'il n'y ait pas de responsable. On essaie vraiment de refréner la colère mais là, il y a des choses qui ne sont pas admissibles."