Attentat d’Arras : le chantier de la sécurisation des établissements scolaires se fait attendre 1:36
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Louise Sallé / Crédit photo : RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Après l'attentat terroriste d'Arras, qui a coûté la vie au professeur de français Dominique Bernard le 13 octobre dernier, l'exécutif avait promis de renforcer la sécurité des établissements scolaires. Mais en raison notamment de l'instabilité au ministère de l'Éducation, rien n'a encore été engagé au niveau national.

Cinq mois après l’attentat d’Arras du 13 octobre dernier, fatal au professeur de français Dominique Bernard, le renforcement de la sécurité des établissements scolaires patine. Les collectivités avaient été réunies au ministère de l'Éducation cet automne pour évoquer la question. 

Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, leur avait promis de les aider à financer la moitié de leurs nouveaux équipements de protection. Et Elisabeth Borne, Première ministre, s’était dite favorable à la généralisation d’un "bouton d’alerte" dans les collèges et lycées, qui préviendrait directement le commissariat ou la gendarmerie la plus proche en cas de danger.  

"Il ne s’est pas passé grand-chose depuis octobre"

Mais, depuis, la rue de Grenelle a changé deux fois de locataires : Amélie Oudéa-Castéra a remplacé Gabriel Attal en janvier, avant de passer la main à Nicole Belloubet. Sur le renforcement des mesures de sécurité des écoles, collèges et lycées, rien n’a encore été engagé au niveau national. 

C’est d’ailleurs ce que reproche au gouvernement la commission d’enquête sur le signalement et le traitement des pressions, menaces et agressions contre les profs, créées après l’assassinat de Samuel Paty, et dont le rapport a été rendu public le 6 mars dernier au Sénat. 

"Il ne s’est pas passé grand-chose depuis octobre, notamment dans le dialogue entre l’État et les collectivités, puisque c'est une responsabilité qui est partagée", déplore Laurent Lafon, sénateur de l’Union centriste et corapporteur de cette commission. 

40% des écoles n’ont pas investi un seul euro dans leur sécurité depuis 2015

Pourtant, il y a urgence : plus de la moitié des écoles ne sont pas équipées d’alarmes anti-intrusion. Et depuis 2015, 40% d’entre elles n’ont pas investi un seul euro dans leur sécurité pour l’adapter à la menace terroriste. Ces chiffres proviennent d’une enquête flash, commandée par le ministère juste après l’attentat d’Arras, et à laquelle Europe 1 a eu accès. 

Les collèges et lycées, aussi, ont du pain sur la planche. D’après cette même enquête, seuls 1,5% d’entre eux possèdent un bouton d’alerte, et 80% n’ont aucun système de vidéo protection à l’extérieur de leurs bâtiments. 

Des formations pour les personnels et agents d’accueil

"Malheureusement, les assassinats de Dominique Bernard et de Samuel Paty ne se sont pas déroulés dans l'établissement, mais à l'extérieur", reprend Laurent Lafon. "Nous proposons donc que, s’agissant des caméras en dehors des établissements, on aille clairement vers une généralisation de ce type de dispositif", dévoile le sénateur. Dans leur rapport, les sénateurs recommandent aussi de former à la sécurité les personnels et les agents d’accueil des écoles, collèges et lycées. Certaines régions ont pris les devants sur ce sujet, elles mettent ainsi en place des exercices spécifiques aux attentats depuis janvier. C’est notamment le cas de la Bourgogne Franche-Comté.